lundi 19 décembre 2022

LA BEAUTE SAUVERA LE MONDE



 1/3 Introduction 


Mode et modèle ont la même racine , considérer une chose par la médiation d'un modèle est la considérer en préservant son unité ( en termes actuels scientifiques, c'est la considérer en tant que boite noire ). C'est aussi la considérer du point de vue de l'efficience , sous l'angle empirique de l'action sur l'objet .La démarche du modélisateur présuppose  un penchant pour le réalisme en ce que naturellement il identifie vérité de l'objet , certes relative, et action efficace sur celui- ci . 

Résultat qui est le signe d'une compréhension intime mais non absolue de l'objet observé . Il est bien accepté  dès l'origine qu'un modèle n'est pas la vérité absolue de l'objet inatteignable par essence . Il est une simplification dont la légitimité procède de sa pertinence traduite en acte .

La complexité de l'objet pris en tant que tel dans son unité fonctionnelle excède en général les possibilités cognitives, intellectuelles, et mémorielles ( du point de vue des connaissances établies et mises en œuvre ) de l'homme .Le propre des paramètres observables est  d'être indépendants par essence les uns des autres , il le faut pour pouvoir les mettre en équation.

 Ils interagissent au sein de la structure étudiée mais gardent leur autonomie intrinsèque et au regard des possibilités cognitives et expérimentales de l'observateur. Il  en est ainsi de pression, température, volume pour un réacteur chimique. A titre d'exemple, pour investiguer  le phénomène complexe de la couleur, on dispose des couleurs primaires dont l'œil est équipé de cellules correspondant à ces trois fréquences dans la gamme du visible, la perception des couleurs et des nuances reste opaque .Mais au moins on connait ces paramètres.

 Si on considère le phénomène comme une boîte noire qui a sa propre unité, dans ce cas , sur le plan épistémologique, la notion de paramètre indépendant s'identifie avec celle de mode. Ainsi nous posons que les trois modes de l'être sont le vrai, le bon l'harmonieux. 

Le vrai en ce que tout étant a son ordre interne, statique pour le minéral , dynamique pour le vivant et pour le cosmos organisé par le champ de gravité et le mouvement des astres. Le vrai est de l'ordre de l'information, de l'intelligible et de l'apollinien .Ce   premier concept se recoupe avec les causes formelles et matérielles d'Aristote , tout étant contient une intelligence .On peut citer l'ADN à titre d'exemple .

Le bon est le principe vital qui fait que tout étant se perpétue en sa forme ou évolue au lieu de se décomposer. Le bon est de l'ordre de l'énergie. Soit dit en termes humains, de l'émotion, de l'instinct  et du dionysiaque, du vouloir vivre . Bonne aussi est  l'énergie du lien qui maintient au niveau atomique chaque chose dans sa forme et aussi c'est un cadeau qu'il y ait quelque chose plutôt que rien .Ce   second concept se recoupe avec la cause motrice d'Aristote .

On identifie ainsi dans l'empirisme les essences de Platon et les causes d'Aristote On peut tenir pour paramètres indépendants l'énergie et l'information qui se rencontrent est sont indissociablement et harmonieusement insérés au sein de la matière .L'incarnation est ici considérée empriquement dans son unité volontairement préservée , option intellectuelle ou l'on s'abstient un instant de séparer l'esprit et la matière .A cet égard la fameuse équation E = MC2 crée un lien indissoluble entre énergie , connaissance en tant que lumière et matière .

L'harmonie correspond à la cause finale d'Aristote, elle est son observation la plus subtile et mystérieuse. De fait l'explication de la vie nous échappe , le passage du connu de la matière et de la forme à l'infinie complexité du vivant excède nos possibilités de connaissance humaine .De fait  la vérité en tant que cause finale est immanente . Même contrariée et présente négativement " en creux"  , elle est au début et à la fin de tout processus , elle est hors du temps. 

Si la cause finale nous échappe, par contre , il est à noter que le cerveau est lui aussi triplement équipé : rationalité , émotion et sens , sens pris en tant que traitement de l'information, mise en forme harmonieuse. On peut y voir, à nouveau, dans cette trilogie cognitive  et cérébrale, les trois modes de l'être version " espèce humaine '. 

Le vrai, le bon et l'harmonieux correspondent à trois formes d'intelligence ( rationnelle émotionnelle, les sens soit le cognitif pur pré- verbal) , trois modes de fonctionnement cérébral intrinsèquement autonomes. Possiblement et par essence indépendants les uns des autres  mais qui interagissent le plus souvent . A titre d'exemple , le bien en tant que morale est une interaction du vrai et du bon , le sentiment également . L'intuition met en jeu ensemble le rationnel, l’émotionnel, les sens en tant  que fait cognitif en soi que l'on cultive et expérimente dans la mimésis à titre d'exemple. L'intuition n'est jamais totalement déconnectée de la perception.

Husserl  cherchait à la suite de Descarte un fondement général des sciences , une  "évidence apodictique" , à mon sens il s'agit du fait qu'on ne sort jamais de l'empirisme sans le savoir.  

C'est ce que nous enseigne la corrélation noético-noématique, autrement dit  l'étude du rapport sujet objet dans lequel l'objet est aussi envisagé comme miroir des possibilités et des modes de connaitre du sujet .En effet, si on suit Coppens, la possibilité du concept est apparue avec la transformation du corps , le cerveau est et reste à son service. Autrement dit du point de vue du cerveau considéré en tant qu'organe moteur, il est au service de la main qui doit être prolongé d'un outil ou d'une arme pour la survie . De ce point de vue vital nous sommes des singes dégénérés qui ne se suffisent pas à eux même au sein de la nature. 

En contrepartie est apparue la possibilité du concept, en bref biologiquement nous sommes des artisans. Si on focalise un instant sur l'utilitarisme nécessaire propre à notre espèce on peut s'en convaincre et partant de la de l'importance de l'expérience esthétique comme mode de connaissance holistique , ce qu'on y perd en efficacité on le gagne en profondeur et en finesse .

Au fond corréler par le nécessité vitale la pensée conceptuelle et le corps déspécialisé au regard de la survie fait de l'incarnation le lieu ou se rencontrent et fusionnent objet et sujet. L'incarnation peut être  prise en tant que tellle dans sa totalité sans dualité du corps et de la pensée intimement liés par la nécessité. Dés lors qu'on réalise que, faute d'un corps spécialisé doublé de forts déterminismes ou instincts, donner du sens à chaque chose ainsi que la faculté de concevoir des outils sont des tropismes biologiques l'incarnation devient un concept précis et non plus un vague état de fait.

L'objet humain appartenant au monde en tant qu'il est traversé par la nécessité au coeur de  l'exercice de la pensée  qui est censée lui appartenir en propre. L'objet humain vu sous cet angle, alterne avec le sujet humain conscient de ses caratéristiques d'espece . La conscience, que la science ne sait pas localiser dans le corps,  est un autre sujet qui pourrait bien procéder de cette non dualité .

L'incarnation en tant que telle devient concept à coté et sur un plan d'égalité avec ceux de corps et d'esprit , non seulement un état de fait empirique ,  quand on ne peut plus séparerer le corps et la pensée mariés indissolublement par la nécessité .Ainsi de ce point vue du rapport nécessaire entre  pensée et corps on s'abstrait un instant du dualisme sujet objet .

La dualité onde corpuscule, à titre d'exemple, donne à la lumière deux  natures différentes selon le type d'expérience. Chacune des théories est efficace dans son champ d'expérience mais rien ne se dégage en termes de connaissance de cette contradiction absolue sinon la primauté surplombante de l'empirisme .

Ce qui nous est possible à défaut de connaissance absolue en alternative à celle ci  c'est la contemplation et l'expérience du beau en  tant qu'expérience orchestrée et unifiée des sens, du concept et de l'émotion, autrement dit de la  totalité du cerveau au contact de la nature.C'est prendre sa place dans le cosmos en utilisant ces outils issus de lui et signes de notre appartenance au dit cosmos .C'est ce que j'ai tenté d'exprimer sous forme poétique .


2/3 " L'incarnation " première version  plus philosophique 


1/11

L'huile est le beau et l'eau  la nécessité,

Ananké, les forces qui commandent même aux Dieux.

Quand la fleur s'ouvre au temps radieux.

En tout temps et en tout lieu.

Elle est à l'œuvre quand l'eau chasse l'huile .

Mais l'eau ne donne pas la félicité.

2/11

Reste le beau en suprême onction .

Quand l'eau reste à sa fonction.

La forme accomplie porte le sens.

Tel l'enfant et la rose innocente.

Elle seule enchante les sens ,

qui amènent notre monde propre à la conscience.

3/11

La nature est l’esprit visible, 

l’esprit la nature invisible.

Ainsi  le sens découvre sa forme.

Comme l'eau la cavité qui la borne.

4/11

Ratio et necessitas convertuntur,

la préhension et l'appréhension   

nécessitent la compréhension,

d'une espèce sans spécialisation,

c'est là toute l'aventure.

Le savoir n'est pas seulement possession,

lacher prise et du lest pour l'élévation,

être ou exister, telle est la question .

5/11

La pensée est matière,

à l'image du  double mot matière.

Le plus souvent elle est science sans or,

juste outil nécessaire à notre faible forme de corps.

C'est pourquoi le silence est d'or.

6/11

Pour s'écouler l'énergie de vie désire son verbe choisi,

Comme le fleuve, son lit, ses berges fleuries.

L'égo est un mot chargé de valeur et d'envie.

Il en oublie souvent sa source infinie.

7/11

L'un, indissociablement vrai bon et harmonieux, est nécessaire à l'être. 

Tout comme l'être l'est à l'un, autre nom de Dieu,

l'un pur et seul n'est rien, tel le coeur sans corps ni mains.

La matière est le verbe d'amour de Dieu,

et le concept une étincelle divine adaptée à notre main.

8/11

Notre nature est d'acquérir une culture d'artisan laborieux.

La main dans la tête saisit, conçoit,synthétise, discernent les yeux.

Le trine discernement sépare monde et chaos, fond et forme.

Autre nom de l’entendement, il est un don des cieux.

9/11

Le cerveau  organe est au service du corps en majesté, 

à tout étant il donne le triple sens , jamais futile,

le concept le meut dans le bon sens, lui est utile.

La beauté n'est pas un concept c'est sa beauté,

quand les sens , le coeur et l'idée sont en cohérence, 

elle apparaît à la conscience subtile.

10/11

Autrement que son alter ego le concept encensé,

dans le silence de l'ego déconcerté, la beauté fait sens.

En toute chose, il nous faut trouver la beauté après l'essence .

Volonté et verbe mariés ensemble dans le sensible engendrent conscience .

11/11

Le vrai est matière et forme , le bon  moteur invincible, l'harmonie  finale ....

De toute création, par trois modes du sens indivisible, voilà l'arôme ancestral .

L'eau s'écoule, de la source invisible, le beau est symptôme initial .

De tout amas d'atomes, l'en soi indicible est sa juste idée banale .

le beau symbole , objet sensible, est sujet en nous tel un cheval .

Le beau est irreductible à ses modes, être présent,  imprévisible un et total .

Image visible en tout étant de l'être invisible et primordial .

.

3/3 " L'incarnation " seconde version plus poétique 


 1/6

La nature est l’esprit visible, 

l’esprit la nature  invisible.

La matière est le verbe d’amour du divin.

Le  concept, étincelle divine adaptée à notre main.

2/6

Notre essence, être artisan laborieux.

La main dans la tête saisit, conçoit, synthétise.

Vrai bon et harmonie orchestrés, le beau actualise, 

le trine discernement  sépare monde et chaos, 

comme l'huile se sépare de l'eau,

triple sens indissociable, sépare fond et forme promise, 

hors du temps, discernent les yeux.

Autre nom de l’entendement, discernement est un don des cieux.

3/6

Espèce manuelle sans spécialisation,  appréhension, 

préhension nécessitent sens et compréhension.  

La vérité n'est pas  possession,

lâcher prise et du lest pour l'élévation,

le silence précède le son,

être ou exister, telle est la question.

4/6

La forme accomplie de l'artiste porte le sens.

Tel l'enfant et la rose innocente.

Quand la fleur s'ouvre au temps radieux.

En tout temps et en tout lieu.

Elle seule enchante les sens,

amène notre monde propre à la conscience.

Ananké, les forces de la nécessité  font loi même aux dieux,

vérité, bonté et harmonie ensemble commandent aux cieux.

Ensemble elles engendrent beau et juste aux deux sens.

Le concept est matière, à l'image du double mot matière,

la beauté tout comme la vie est entière.

5/6

La beauté n'est pas un concept c'est sa beauté,

quand les sens, le coeur et l'idée sont en cohérence,

elle apparaît à la conscience subtile.

Volonté et verbe mariés ensemble dans le sensible engendrent conscience.

Pour s'écouler l'énergie de vie désire son verbe choisi,

comme le fleuve, son lit, ses berges fleuries.

L'égo est un mot chargé de valeur et d'envie.

Il en oublie souvent sa source infinie.

6/6

Autrement que son alter ego le concept encensé,

dans le silence de l'ego déconcerté, la beauté fait sens.

En toute chose, il nous faut trouver la beauté après l'essence.

Le vrai est matière et forme, le bon moteur invincible, l'harmonie finale.

De toute création, par trois modes du sens indivisible, voilà l'arôme ancestral.

L'eau s'écoule, de la source invisible, le beau est symptôme initial.

De tout amas d'atomes, l'en soi indicible est sa juste idée banale.

Le beau symbole, objet sensible, est sujet en nous tel un cheval.

Le beau est irréductible à ses modes, être présent imprévisible un et total,

image visible en tout étant de l'être invisible primordial.


 






samedi 8 octobre 2022

PHILO ( Phénoménologie de Husserl, essai de fondation de "l'anatomisme" et de la "subjectivité générale d'espèce" )

   PHILO (Phénoménologie  de Husserl,   essai de fondation de "l'anatomisme" et  de "la subjectivité générale d'espèce"  L'ANATOMISME pour une pré-anthropologie aculturelle ou anhumaine des facultés nécessaires de l'espece humaine )

Yves Coppens, paléontologue et professeur au Collège de France, disait :

“Ce qui définit les préhumains, c’est le redressement du corps et la bipédie qui l’accompagne .La complication de son cerveau fait surgir ce stade nouveau de réflexion que l’on appelle conscience. L’Homme invente alors la culture : toutes les facettes intellectuelles, techniques (il taille désormais délibérément la pierre ; il en change donc la forme de manière volontaire pour son profit), esthétiques, éthiques, morales, spirituelles. On dit parfois « plus, c’est quelquefois différent ». Ici, c’est le cas – un petit peu plus de complication cérébrale produit un autre état, une matière pensante."

 

 Au fond la res extensa est bien plus l'esprit que le corps ,le corps pris ( "pris" , toujours la main associée à l'esprit ) en tant que corps vivant et non simple matiére , il se heurte a toutes sortes de limites et de necessités tandis que l'esprit peut se projeter à l'infini dans le temps et l'espace par l'imagination, la projection et l'anticipation. 

On peut inverser la proposition de Descartes , j'ai un corps donc je suis , la source de tous les determinismes est le corps. Pour traiter de l'ambiguité de l'emprique et du transcendental chez l'homme on peut tenter de le considerer un instant de l'extérieur en objet , un instant d'époché ( suspension du jugement en phénoménologie cf.Husserl ) est requis car cette représentation va à rebours de toute la culture occidentale . Autrement dit il s'agit de le considerer dans une réduction inédite à la biologie ( focal sans à priori qui est priori la condition d'une éventuelle théorisation inédite et unifiante cf.Husserl ) , en bref comme un sorte d'animal , 

Du point de vue biologique le cerveau est au service du corps et non l'inverse  et tout prend sens dans la perspective de la survie. Il suffit de poser que la pensée conceptualisante en tant que faculté, associée à celle nécessaire de l'apprentissage, est le pendant cérébral de la main ,impuissante au regard de la survie, si elle n'est pas prolongée d'un outil ou d'une arme. Du point de vue de la biologie l'homme à l'origine au sein de la nature est un artisan.

Dans cette perspective la préhension nécessite la compréhension à cet égard voire l'intelligence  remarquable du poulpe et de l'éléphant. Il se peut aussi que le langage soit l'image de notre motricité , non seulement la micromotricité de la main ,celle qu'en tant qu'artisan ou chasseur  nous  devons choisir  librement à titre de spécialité éxistencielle , mais plus généralement de toute forme de motricité ou de mouvement. Au fond qu'est ce une phrase sinon une séquence motrice librement choisie et conçue ? La préposition cum de comprendre vise le verbe , litteralement on prend avec le verbe, on prend la chose avec le nom de la chose . Le verbe médiatise le monde à l'image de notre main dotée d'un pouce opposable qui fait d'elle une sorte de pince. En ce sens" Toute conscience est conscience de quelque chose " ainsi que le remarquait Husserl en tant qu'intuition fondatrice de sa philosophie , toute conscience est prise d'un objet par " la main dans la tête "  par le biais de son concept.  Le langage vu sous l'angle reflexif  comporte deux mots éssentiels à cet égard "concevoir" et "saisir" , ils impliquent symétriquement la main et le cerveau .On peut, si on veut, généraliser au mot "discernement" en rapport avec la vision et la nécessité vitale humaine de pouvoir distinguer un objet d'un fond indéterminé pour en faire un outil .  C'est là sans doute le sens profond de l' "intentionnalité " de Husserl.Il ne s'agit pas ici d'une réification de la conscience car si on admet qu'elle sert le corps , le corps étant un donné, la conscience, en tant que principe et phénomène, est aussi un donné dans sa possibilité même en tant que faculté. Donc par transitivité, tout comme le corps procède de la nature, elle procède logiquement  d'une conscience plus vaste dont on ne peut rien dire en pure philosophie, sauf que l'homme en est témoin dans une version adaptée à sa forme particulière d'être comme il est dit plus haut. Il en est témoin simplement du fait que "il est là" ( dasein) et la conscience aussi indissociablement.   


Ainsi si on considere l'anatomie humaine non spécialisée pour remonter au cerveau , à la pensée conceptualisante en particulier on peut trouver que cette faculté est dans un rapport de nécéssité avec le corps non spécialisé, un instant d'époché et d'humilité est requis pour envisager cela ,car depuis des siecle on s'enorgueilli de notre forme de pensée mais au fond elle compense la faiblesse du corps.

Dans cette reduction au fait biologique et cette perspective le transcendental est l'emprique de l'espece humaine . Le plus qu'on puisse faire ce sont des corrélations et des modèles efficients mais non absolus. On retrouve egalement la nécessité dans le theme du sens.

En derniere analyse .en correlant de cette façon le corps et l'esprit, on peut identifier la conscience et la nature , le sujet et l'objet dans la suite du philosophe Schelling qui écrivait, en alternative à Kant :

„La nature est l’esprit visible, l’esprit la nature invisible “ 

 "La nature doit être l'esprit visible, l'esprit la nature invisible. C'est donc ici, dans l'identité absolue de l'esprit en nous et de la nature hors de nous, que le problème de la possibilité d'une nature hors de nous doit se résoudre" 

"L’alpha et l’oméga de toute philosophie est la liberté.“

— Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling.

Quant aux sens , ils secontentent d'amener l'information sur le monde au cerveau, ce sont eux qui dans leur forme specifiquement humaine, en tant que subjectivité générale d'espèce, façonnent le monde propre de l'homme ( cf. le concept d'UMWELT de Jakob von Uexküll ).Notre corps est si peu spécialisé qu'il nous faut donner du sens à cheque situation pour s'y adapter ,à  contrario  un felin qui a tout en lui vis à vis de la survie perçoit son monde propre de façon immédiate  en termes de proie et de chasse . Il se peut que la conscience conceptualisante soit à l'homme ce que l'instinct est à l'animal.A cet égard le mot "sens" désigne ( désigner est aussi un mot qui indique une corrélation au sens de Husserl entre main et cerveau ) ou vise tout autant les sens , la signification, que la direction, autrement dit le mouvement et le projet.

Enfin les questions de l'art et du sens posent la question suivante : jusqu'où entre la nature dans le sujet ? Commence t'elle simplement au-delà de ses sens et face à eux ? Le sujet n'est il pas en entier dans la nature, n'est il pas un objet qui s'ignore y compris en tant qu' objet conscient. Concernant l'art, les transcendantaux du corpus  formé par  le vrai, le bon et l'harmonieux pris ensemble indissociablement en systeme, qui en ce sens synthétique modèlisent l'art et le beau, nous appartiennent t-ils en propre ?

Sont ils des a priori de la connaissance consistants en tant que présents au sein de tout ce qui est , sauf à les considérer dans le rapport de la morale, ne sont t'ils pas des modalités de toute existence en tant qu'existence ? Ce qu'on attend de l'art et de la poésie est qu'ils nous déroutent et portent, via la forme accomplie, le sens de façon  au sens strict extra-ordinaire . Au fond on en attend un instant d'époché au sens de Husserl, autrement dit un instant de silence de la pensée, de pure présence.

  • "Quiconque veut vraiment devenir philosophe devra une fois dans sa vie se replier sur soi-même."disait Husserl.

En conclusion : 

Ce que je pense profondément c'est qu'entre le transcendantal et l'empirique il n'y a pas de différence de nature mais une différence de degré sur l'axe de la complexité .Il suffit de regarder en face la dualité onde corpuscule , la polémique Einstein Bohr entre mécanique relativiste et approche statistique , bref en science une chose peut être son contraire . Du point de vue de la connaissance il n'y a pas d'absolu ni même un semblant d'unité . Par contre du point de vue utilitaire chaque discipline reste efficace dans son domaine d'application dont elle est issue , typiquement on ne sort pas de la superstructure de l'empirisme .
        Il se peut que la cause premIère ou raison d'être de ce paradoxe apparent soit le fait que le cerveau est à l'image du corps et à son service fondamentalement, et par conséquent constamment en train d'élaborer un geste de la main " dans la tête " . d'où l'intuition de l'importance de ce fameux "lacher prise".
       Au fond, l'évidence apodictique recherchée par Husserl aprés Descartes pour un fondement des sciences, s'identifie à la nécessité ( ANANKE,  déifiée chez les Grecs , originellement ce qui commande même aux dieux . Ce qui ne peut pas ne pas être ou ce qui ne peut pas être autrement qu’il n’est. ) En ce sens la proposition " le cerveau est au service du corps et non l'inverse, dans cette perspective, la préhension nécessite la compréhension" constitue un axiome .

commentaires supplémentaires :



*cher MG , j'ai dit le cerveau ( précisement le cerveau en tant qu'organe ) au service du corps dans l'autre sens ça marche aussi , mais c'est archi dejà vu, la on inverse la perspective un instant,
il faut partir du corps, autrement dit humblement ( "l'humilité est la voie " citation de William Clapier ) de très bas pour voir le sommet , en tout cas moi j'intuite mieux la question de l'incarnation de cette façon.
*MG je ne voulais pas faire de théologie dans ce texte mais dans un autre j'avais proposé :
"la matière est le verbe de dieu et la pensée créatrice est une étincelle divine adaptée à la forme humaine", j'aime assez ça réconcilie l'immanence et la transcendance .( le mot clef c'est "forme" si je peux me permettre une indication )." La pensée est matière " disait Krishnamurti, en la distinguant de l'esprit , autrement dit elle est réifiante par nature, c'est sans doute tout simplement sa fonction .

*. C'est logique, mais la possibilité même de la logique , du transcendental s'explique peut être par la généralisation des besoins de notre motricité non spécialisée ( toujours la necessité in finé). Un enchainement logique efficace n'est il pas par essence un enchainement moteur orchestré efficacement a priori en vue de  son accomplissement ? 



,

                                                                     
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burandelo

 Le cerveau  organe est au service du corps en majesté, 

le concept le meut dans le bon sens, lui est utile. 



La beauté n'est pas un concept c'est sa beauté,







1/11
L'huile est le beau et l'eau  la nécessité,
Ananké, les forces qui commandent même aux Dieux.
Quand la fleur s'ouvre au temps radieux.
En tout temps et en tout lieu.
Elle est à l'œuvre quand l'eau chasse l'huile .
Mais l'eau ne donne pas la félicité.

2/11
Reste le beau en suprême onction .
Quand l'eau reste à sa fonction.
La forme accomplie porte le sens.
Tel l'enfant et la rose innocente.
Elle seule enchante les sens ,
qui amènent notre monde propre à la conscience.

3/11
La nature est l’esprit visible, 
l’esprit la nature invisible.
Ainsi  le sens découvre sa forme.
Comme l'eau la cavité qui la borne.

4/11
Ratio et necessitas convertuntur,
la préhension et l'appréhension   
nécessitent la compréhension,
d'une espèce sans spécialisation,
c'est là toute l'aventure.
Le savoir n'est pas seulement possession,
lacher prise et du lest pour l'élévation,
être ou exister telle est la question.

5/11
La pensée est matière,
à l'image du  double mot matière.
Le plus souvent elle est science sans or,
juste outil nécessaire à notre faible forme de corps.
C'est pourquoi le silence est d'or.

6/11
Pour s'écouler l'énergie de vie désire son verbe choisi,
Comme le fleuve, son lit, ses berges fleuries.
L'égo est un mot chargé de valeur et d'envie.
Il en oublie souvent sa source infinie.

7/11
L'un, indissociablement vrai bon et harmonieux, est nécessaire à l'être. 
Tout comme l'être l'est à l'un, autre nom de Dieu,
l'un pur et seul n'est rien, tel le coeur sans corps ni mains.
La matière est le verbe d'amour de Dieu,
et le concept une étincelle divine adaptée à notre main.

8/11
Notre nature est d'acquérir une culture d'artisan laborieux.
La main dans la tête saisit, conçoit, synthétise, discernent les yeux.
Le trine discernement sépare monde et chaos, fond et forme.
Autre nom de l’entendement, il est un don des cieux.

9/11
Le cerveau  organe est au service du corps en majesté, 
à tout étant il donne le triple sens , jamais futile,
le concept le meut dans le bon sens, lui est utile. 
La beauté n'est pas un concept c'est sa beauté,
quand les sens , le coeur et l'idée sont en coherence, 
elle apparaît à la conscience subtile.

10/11
Autrement que son alter ego le concept encensé,
dans le silence de l'ego déconcerté, la beauté fait sens.
En toute chose, il nous faut trouver la beauté après l'essence .
Volonté et verbe mariés ensemble dans le sensible engendrent conscience .

11/11
Le vrai est matière et forme , le bon  moteur invincible, l'harmonie  finale ....
De toute création, par trois modes du sens indivisible, voilà l'arôme ancestral .
L'eau s'écoule , de la source invisible, le beau est symptôme initial.
De tout amas d'atomes, l'en soi indicible est sa juste idée banale .
Le beau symbole , objet sensible, est sujet en nous tel un cheval .
Le beau est irreductible à ses modes, être présent, indivisible un et total .
Image visible en tout étant de l'être invisible et primordial .



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1/2 un retour critique :

Patrick Burandelo Je ne vous cacherai pas tout d'abord mon admiration pour vos poèmes. J'ai envie de dire : "bravo !". Par ailleurs, je ne vois pas comment l'on ne pourrait pas partager votre profonde analyse de la beauté. Elle n'est ni un fait social ni une opinion qui dépendrait de l'avis du seul individu. C'est seulement sur votre point n° 2 que je serais plus réservé même s'il peut s'autoriser d'un très grand philosophe, à savoir Bergson. Ce dernier vous donnerait entièrement raison : on peut trouver un ancrage des concepts et, par delà, du langage, dans la pratique et plus exactement la technique. Ils permettent de mettre de l'ordre, d'organiser le réel et ainsi d'agir. Ils sont, comme vous dites je crois comme une "main intérieure". Du coup, il y a solution de continuité entre la nécessité pour l'homme de s'adapter afin de vivre et l'intellect d'une part et entre l'intellect et le cerveau d'autre part, ce dernier n'étant jamais qu'une partie du corps. Il reste que l'on peut considérer les concepts tout autrement et, même oserais-je dire, qu'on le doit. Certes, l'étymologie pourrait aller dans le sens que vous indiquez : "capere" (prendre, capturer, saisir) et même l'allemand (begreifen) indiquent bien comme un acte mais s'agit-il réellement d'un acte technique ? Ce qui est saisi avec un concept, c'est un certain sens, une certaine idée au sens général, toutes "choses" qui présentent un intérêt par elles-mêmes indépendamment d'une action possible. Husserl, que vous connaissez visiblement bien, n'emprunte pas la voie bergsonienne tant la réduction, par exemple "eidétique" - terme significativement platonicien - qui résulte de la suspension (époché) de la thèse du monde (et là la filiation avec Descartes est transparente, elle est même revendiquée), met en évidence une sphère de pensée qui n'appartient pas au domaine de la nature. Elle ne peut être expliquée à partir de l'adaptation. Certes, même en cette acception, la beauté ne peut être expliquée à partir du seul concept ou de l'intelligence mais on pourrait vous opposer qu'elle ne relève pas non plus de la seule sensibilité même si votre conclusion est tout à fait cohérente par rapport à votre point de départ (en effet, si le concept est moyen d'action, il est sans rapport avec la beauté ou la beauté est sans rapport avec l'intelligence). Il me semble qu'un philosophe comme Kant qui a tant analysé la notion de beauté pourrait être plus éclairant : elle n'est ni purement intellectuelle (en ce cas, elle relèverait de la science) ni purement sensible (en ce cas comment faire la différence entre elle et ce qui est simplement agréable ?) ; elle correspond au libre accord entre l'entendement (l'intelligence) et la sensibilité, c'est leur libre jeu qui s'entretient lui-même qui provoque ce plaisir bien singulier qui ne peut être confondu avec l'appréciation intellectuelle d'un géomètre ni l'agréable goûté par les seuls sens. C'est à ce point de vue que le beau a bien un sens spirituel, tout en étant inséparable des sens

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2/2 un commentaire 

L'expérience du beau est par delà la nécessité, l'agréable et le contingence .
Kant parle ainsi du sublime qu'il distingue de l'agréable ( saur erreur ) .
Elle est pour l'homme l'expérience de l'unité de son être.
Cela advient quand sens, raison et cœur sont en cohérence ce que l'on peut désigner respectivement par harmonie vérité et bonté.
Ainsi c'est pour l'homme l'expérience de l'être et, au-delà de lui , de l'ordre du monde en soi et de son unité auquel il participe par la médiation de la beauté.
Tout étant est vrai en tant qu'il est régi par une essence ( cause motrice et matérielle exemple ADN ) , bon car c'est un donné ,
harmonieux sans quoi il se décomposerait ( cf. Parménide l'être est et le non être n'est pas, cf aussi les causes formelles et finales d'Aristote )
Plus abstraitement :
Le vrai et le bon et l'harmonieux sont des modes de l'être et sont propres à l'homme en tant que microcosme ( cf. les trois cerveaux, sens emotion raison ) et à tout étant en dernière analyse et ainsi nous replacent dans le monde via l'expérience du beau.



mercredi 8 juin 2022

THEORIE DE LA BEAUTE

 Théorie de la beauté


1/  problématique ,subjectivité individuelle. 


Tout d'abord, pour me présenter dans ma subjectivité ,voici mon poème le plus réussi qui exprime mon sens du beau :



Ange entre les anonymes

Ton chant intime à l'abandon

Il s'imagine d'une présence divine

Indifférent jamais je n'invoque son nom

Mais toi ô âme sœur , tendre prière

Tu es l'archet dont je suis le violon

De l'arbre mort dans le ciel d'hiver

Moineau inquiet qui s’élance

Fendant le froid et touchant le cœur

Je t'ai trouvé et reconnu ma chère fleur

Encore tu seras l'unique présence

Quand le ciel et les nuages du ciel

Peupleront mon dernier sommeil

Mon cœur bat au rythme de tes ailes 


et un autre en prose a propos de notre dame :


" Notre dame cette flèche qui brûle,digne et silencieuse, puis qui tombe d'un coup,c'est quasiment une femme que j'ai vu, elle est parti avec mes souvenirs, drôles de souvenirs,ceux de livres écrits il y a bien longtemps et que n'ai pourtant pas lus, d'autres enfouis, souvenirs de jeunesses, sur lesquels je comptait bien revenir un jour, d'autres enfin immémoriaux, en quelque sorte" Cosa Nostra " dont je ne saurais rien."


La beauté n'est pas un concept c'est sa beauté . Elle ne se laisse pas enfermer par le verbe . Elle est libre, mais on peut tenter d'en esquisser un portrait.La question est la beauté est elle objective ? Elle semble éminemment subjective , assurément il faut un regardeur pour qu'elle surgisse en lui. De prime abord elle est définie par la subjectivité donc il y  aurait autant de beautés que d'individus ou individus semblables qui s'imitent les uns les autres . En généralisant la subjectivité on définit la beauté par la société , par les experts autorisés de la beauté. 



Il y aurait dans le premier cas autant de beautés que d'individus ou de groupes d'individus semblables . Quant à la société immanquablement elle instrumentalise la beauté formelle pour habiller de séduction l'exercice du pouvoir qui est rarement beau par lui-même. Le pouvoir est nu dans ses intentions sans l'alliance avec l'artiste officiel  . Il lui est utile pour imprimer ses normes tant l'art est naturellement porteur de valeurs , le beau est prescripteur et inspire confiance. Il est généralement tenu pour symptôme du vrai et du bon. Il est associée au goût , autre catégorie totale comme la beauté , on connaît bien son contraire le dégout qui indique qu'il faille s'abstenir et passer son chemin.

Au fond le beau est gratuit, instrumentalisé en publicité il dégénère en esthétique , en chic  . Ce qu’on appelle aujourd’hui les codes. L’esthétique, la mode, soit "le chic", autrement dit la manière d'être officielle donc socialement admise et identifiable fait le passage entre l'art et la manipulation sociale, entre le symbolique et le politique.

La limite entre subjectivité et objectivité issue des sciences dures qui pose l'objet matériel hors de nous et objet d'étude par le sujet qui s'en sépare ,est elle opérante pour l'étude de la beauté? Telle est la question . Car c'est un phénomène intérieur et extérieur en même temps . Au regard de la beauté il nous faut tenter d'objectiver un peu le sujet ( l'observateur ). Cela  pour faire le passage du particulier de la beauté individuelle à la beauté générale, de la subjectivité individuelle à la subjectivité d'espèce.


Indéniablement chacun imprime un roman dont il est le personnage principal fait de culture, d'éducation et de talents,  d'expériences bonnes et mauvaises , de rêves.    Il est le personnage principal vivant dans son contexte  non moins déterminant que sa constitution pour son histoire personnelle  .Il en est le  personnage principal en ce qu'il subit son destin et l'auteur en ce qu'il choisit pour une part , en  poursuit donc l'écriture et s'observe.Une psychologie au fond est un roman imprimé qui fait de chacun un être unique .

Donc en l'état actuel des choses on ne peut rien dire de solide sur la beauté pourtant elle existe .Traiter de la beauté pose la question de la limite entre sujet et objet . Même si on tente de l'objectiver elle restera un phénomène humain "l'observateur est l'observé " disait krishnamurti . Tout est miroir, un tableau quel'on a choisi et avec lequel on vit et un miroir de son âme   .Il s'agit d'objectiver le sujet regardeur , qui certes doit être satisfait consciemment et inconsciemment, au regard de la question de la beauté afin de trouver un dénominateur commun .


2/ caractères de l'espèce humaine, subjectivité d'espèce ou cognitive.


Le principal trait de notre espèce est d'être non spécialisé au regard de la survie  . Il nous faut fabriquer des outils , biologiquement nous sommes des artisans . Un félin à tout en lui constitutivement tandis que la main doit être prolongée d'un outil ou d'une arme . En général on méprise la perspective de la survie pourtant la vie est un surcroît de la survie tout comme l'art est un surcroît de l'artisanat que l'on méprise également. Sachant que le cerveau est au service du corps , le concept est le pendant cérébral de la main  .Concevoir a deux sens l'un cerebral, l"autre manuel, de même pour "saisir" . Il se peut que la syntaxe soit au service de la motricité notamment celle de la main. Au fond une phrase est une séquence motrice qui fait sens . Ce n'est pas abaisser l'homme bien au contraire si la conscience, prise en tant que phénomène, est un donné au service du corps tout comme le corps elle ne peut que procéder d'une conscience plus vaste , On peut penser que la conscience est à l'homme non spécialisé ce que l'instinct est à l'animal. La nécessité et la possibilité de  l' apprentissage est certainement un corollaire de notre non spécialisation . Chacun qui a appris à conduire une voiture se souvient avoir été d'abord conscient des séquences  motrices puis elles sont devenues un quasi instinct .


Notre constitution est ontologiquement incomplète, non spécialisée, au regard de celle d’un félin, par exemple, qui a tout en lui vis-à-vis de la survie . C’est donc logique que notre cerveau produise du sens en réaction à l’environnement à chaque instant , notre perception n’est pas ou peu prédéterminée tout comme notre main est incomplète du point de vue de la survie si elle n’est pas prolongée d’un outil ou d’une arme. Biologiquement nous sommes des artisans , il nous faut nous spécialiser , tant individuellement que vis à vis du corps social . Rien n'est immédiat pour l'homme dans son environnement . Quand bien même il ait atteint  un âge où il aura accumulé une expérience et une culture adéquate pour le décrypter, il lui restera , chaque jour, à élaborer et improviser des stratégies de survie adaptée . La peur qui est au fond l’émanation de l'instinct de survie  prend donc logiquement pour nôtre espèce la forme de «  la peur de l’inconnu » . Il en  résulte cette production incessante de pensée . Le cerveau aime la cohérence et l'harmonie en lui et dans son environnement. 


Production de pensées d’autant plus frénétique qu’elles sont inefficaces en termes d’action, d’expérience acquise, et de résultat , tant sur le plan social que sur le plan intérieur de l’équilibre   . 


 Les mots  eux-mêmes sont des outils , des marqueurs de nos circuits neurologiques . Les neurosciences nous apprennent que la zone cérébrale qui régit le projet est proche de celle qui régit la motricité ou les motricités ( LURIA )   . Ainsi « sens » a trois significations , les sens , le système cognitif, puis  le sens , la rationalité et enfin la direction qui implique une notion de mouvement , d’action. Par analogie, assez proche du sens est le beau, le sens renvoie au beau pris en tant qu'harmonie cognitive et coherence , à ce qui est intelligible, harmonieux , exploitable par les sens ,  ce qui plaît aux sens , les activent utilement , le contraire du chaos cognitif.  Cela nécessairement en rapport avec le contexte si on généralise la question artistique aux affaires courantes . Le sens renvoie au beau ,puis au vrai , la pensée adéquate improvisée en réponse aux stimulis et enfin au bon ,le résultat de l’action  afférente . Les trois notions étant prises de façon indissociable. Assez proche du mot sens ,par sa polysémie , est le mot discernement , sauf en psychiatrie il fait l'objet de peu d'investigation . Il renvoie au sens visuel avec cette nécessité de distinguer un forme d'un fond chaotique de prime abord , cela avec une nuance utilitaire de survie. C'est, si on généralise, la faculté de décrypter une situation inédite pour lui donner une réponse  adéquate . le discernement est necessairement une orchestration harmonieuse entre empathie,  pensée, peur, experience et surtout acte . l'indispensable acte juste qui nécessite courage autant que adaptation rétroagit de façon totale sur l'ensemble du psychisme .  L'acte est ainsi tout autant un parametre que la finalité du discernement autre nom de l'équilibre . Clairement l'acte juste est beau , il fait régner l'ordre en soi et hors de soi , effacer la menace  ne serait ce qu'un moment parfois durablement .


Quand les idées ne sont pas vraies, les mots ne sont pas justes ; si les mots ne sont pas justes, les œuvres n’ont pas lieu ; si les œuvres n’ont pas lieu, la morale et l’art ne vont pas bien ; si la morale et l’art ne vont pas bien, la justice ne s’applique pas bien ; si la justice ne s’applique pas bien, la nation ne sait pas où elle doit poser son pied et sa main disait Confucius , il a posé le premier un rapport entre sens et motricité 


3/ caractères généraux de la beauté , le beau, la contingence et l'éthique .


 

La conclusion de tout ce préambule est que la  nature du concept est donc d'être  utilitaire . " la pensée est matière " disait krishnamurti un peu succinctement.  Justement la beauté est gratuite . nous connaissons maintenant l'intelligence émotionnelle versus l'intelligence rationnelle . l'intelligence émotionnelle comprend " l'empathie " la faculté "de se mettre à la place "et plus généralement  le ressenti qui ne juge pas sauf en termes binaires de bon ou mauvais , vrai ou faux.  Elle permet de faire le bon choix pour le futur entre deux options rationnelles proches l'une de l'autre et entre lesquelles la raison qui les a élaborées ne peut trancher . On dit si on est attentif à son ressenti " je ne le sens pas " et il vaut mieux écouter cette petite voix en général.


Au chapitre de la subjectivité individuelle pour la question de la beauté, ces deux intelligences sont parfois antinomiques mais ce n'est pas une fatalité . En effet si on tient le mental et l'instinct de possession réifiant pour images de la main dans le cerveau, pour une sorte de " main  dans la tête " ,on comprend l'importance de leur " lacher prise " pour la libération des émotions et l'élaboration des sentiments.


Si l'esprit critique est éveillé , il fera obstacle à l'élaboration et la libération du sentiment, il est donc préférable que l'artiste partage assez de références avec les regardeurs qui seront  son public, c'est normal , nécessaire et non suffisant .Le propre d'un artiste  c'est la faculté de véhiculer ses sentiments à travers une forme accomplie .Pragmatiquement pour que le jugement critique ne soit pas activé le plus simple est qu'il soit pleinement positif , que le système de valeurs du regardeur soit pleinement satisfait pour qu'il l'oublie un instant,  il doit avoir sa part, ce qu'il requiert pour se taire  .


A titre d'exemple et c'est injuste ,les vierges à   l'enfant   sont mal perçues ou de façon distraite . le sentiment antireligieux ou la conception actuelle de la féminité rend indisponible le regardeur et fait écran en tant que jugement de valeur à l'activation des neurones miroirs de l'empathie que peut susciter les oeuvres des maîtres du genre .Pourtant si on décontextualise, toute mère ne présente t'elle pas fièrement son enfant au monde comme promesse d'un futur ?

Au fond ce qu'on exige de la beauté c'est un instant de silence du jugement , un instant d'ivresse osons dire un instant d'extase . Le mental est la grandeur et la faiblesse de l'homme. On veut constamment s'en débarrasser : transes , méditation , drogues ... car il nous  relie aux contingences de l'existence et de l'espèce  . A défaut du silence intérieur des mystiques et de leur béatitude procurée par la contemplation de la vie  , on veut au moins s'oublier un instant. Sur un mode mineur  un collectionneur aguerri préconisait pour acquérir un nouvel objet d'art " il faut toujours collectionner selon son goût exclusivement et avoir un choc " .Même un collectionneur aguerri qui a manipulé des centaines d'objets, unis par la fil conducteur de son goût, veut encore être émerveillé par un choc esthétique. En outre cette notion de choc traduit le caractere immédiat de toute émotion. 


On ne nie pas  la question du relativisme de la psychologie individuelle pour tenter de cerner la beauté, mais   c'est une impasse   puisque chacun a un système de référence et un goût  unique à satisfaire ou a ne pas contrarier pour conclure à la présence du beau . Ce qui compte c'est que tout le monde a un sens du beau , le beau existe donc " en soi " dans la généralité , au dela ou en deça de la culture de chacun   ( le double sens de en soi est adéquat pour le beau ) . 

il existe des valeurs suffisamment générales pour mettre tout le monde d'accord comme  un dénominateur commun En excluant les pervers et les grands névrosés  . On pense à l'harmonie , le vrai et le bon , ce peuvent être des attributs du beau ou des paramètres , sachant que le "tout est plus grand que la somme des parties" ( Confucius ) .Cela à la condition de les prendre ensemble . Sans vérité le beau est sans profondeur il est décoration;la vérité n'est pas absolue mais associée au bon, elle est au moins relativement validée en terme de résultat . L'harmonie ou orchestration,dont on a un  idée dans l'art et qui resonne en nous , qu'elle soit des couleurs, des proportions , des mots ,des notes ou des saveurs   est l'autre nom de l'étant . Tout ce qui existe procède d'un ordre interne, d'une composition, du minéral à l'organique . Composition que l'on peut qualifier d'harmonie statique ou dynamique, le cerveau aime aussi l'harmonie pour lui même . La justice est la somme du vrai et du bon . Juste a deux sens . Si on prend ensemble ces catégories et deux par deux car elles interagissent  , harmonies de toutes sortes , bonté et vérité , une sorte de portrait général du beau apparaît .Tout le monde s'accorde sur le fait que le beau est gratuit, libre de toute contingence et déterminisme. Osons dire transcendant . On a même abusé de cette définition en perpétuant la haine de l'académisme en raison de son hégémonie d'art officiel longtemps après que la technique académique fut oubliée et alors que l'art conceptuel a pris sa place d'art officiel  .En conclusion le vrai est l'apanage de l'intelligence rationnelle .Le bon, distinct du bien dont la connotation morale ressort du vrai, est celui de l'intelligence émotionnelle . L'harmonie  satisfait les sens et l'ensemble de l'âme en tant qu'elle est cohérence , quand tout est satisfait de façon bien orchestrée alors surgit la beauté qui est un phénomène total et une célébration de la vie en soi. La beauté n'est pas un concept, elle est un fait de nature en nous et hors de nous , elle est la manifestation de la vie et l'affinité de la vie pour elle-même .


samedi 26 octobre 2019

LE "SENS"

Notre constitution est ontologiquement incomplète, non spécialisée, au regard de celle d’un félin, par exemple, qui a tout en lui vis-à-vis de la survie . C’est donc logique que notre cerveau produise du sens en réaction à l’environnement à chaque instant , notre perception n’est pas ou peu prédéterminée tout comme notre main est incomplète du point de vue de la survie si elle n’est pas prolongée d’un outil ou d’une arme, biologiquement nous sommes des artisans , il nous faut nous spécialiser , tant individuellement que vis à vis du corps social . Rien n'est immédiat pour l'homme dans son environnement , quand bien même il ait atteint  un age ou il aura accumulé une expérience et une culture adéquate pour le décrypter, il lui restera , chaque jour, à élaborer et improviser des stratégies des survie adaptée . La peur qui est au fond l’émanation de instinct de survie  prend donc logiquement pour nôtre espèce la forme de «  la peur de l’inconnu » d’où résulte cette production incessante de pensée . 

Production de pensées d’autant plus frénétique qu’elles sont inefficace en terme d’action, d’expérience acquise, et de résultat , tant sur le plan social que sur le plan intérieur de l’équilibre   . 

 Les mots  eux-mêmes sont des outils , des marqueurs de nos circuits neurologiques . Les neurosciences nous apprennent que la zone cérébrale qui régit le projet est proche de celle qui régit la motricité ou les motricités ( LURIA )   . Ainsi « sens » a trois significations , les sens , le système cognitif puis  le sens , la rationalité et enfin la direction qui implique une notion de mouvement , d’action. Par analogie, assez proche, cela renvoie au beau , à ce qui est intelligible, harmonieux , exploitable par les sens ,  ce qui plaît aux sens , les activent utilement , le contraire du chaos cognitif  ( et nécessairement en rapport avec le contexte si on généralise la question artistique aux affaires courantes )  ,puis au vrai , la pensée adéquate improvisée en réponse aux stimulus et enfin au bon ,le résultat de l’action  afférente . Les trois notions étant prises de façon indissociable. 

Quand les idées ne sont pas vraies, les mots ne sont pas justes ; si les mots ne sont pas justes, les œuvres n’ont pas lieu ; si les œuvres n’ont pas lieu, la morale et l’art ne vont pas bien ; si la morale et l’art ne vont pas bien, la justice ne s’applique pas bien ; si la justice ne s’applique pas bien, la nation ne sait pas où elle doit poser son pied et sa main Confucius ( il a posé un rapport entre sens et motricité )
  

samedi 27 juillet 2019

DIEU N'EST PAS MORT - CONVERSATION AVEC UN AMI MATERIALISTE

  DIEU N'EST PAS MORT - CONVERSATION AVEC UN AMI MATERIALISTE

 Si tu poses que Dieu c'est la nature comme Spinoza, que tout fait partie de la nature , l 'homme aussi en fait partie, corporellement certes, mais qu'en est il du phénomène  de pensée ? Non pas de l'agilité mentale, de la pensée désincarnée  qu’on divinise inconditionnellement  en bon cartésien qui ignore le corps , que l'on on met hors nature , mais de celle qui fait acte utilement, de la pensée utile de type scientifique . Il s'agit, puisqu’on parle de nature, d’envisager dans le même mouvement la contingence et le phénomène de pensée. Ici contingence est employé dans le sens généralisé de déterminisme, nous sommes fait d’aptitudes et d’instincts qui sont autant de caractéristiques d’espèce dans lesquels va s’inscrire chaque histoire individuelle. Tout comme on télécharge une «  appli »   dans un ordinateur, nous avons un système qui préexiste à l’acquisition de toute culture et qui en détermine la forme générale et l’utilité . C’est de cela dont s’occupe l’enseignant, le psychiatre, l’anthropologue, le commerçant et j’en oublie.  Un relativisme relatif est possible mais non absolu.  Notre nature est le cadre ou les limites dans lesquelles peut se construire notre liberté. Elle est double individuelle et sociale. Citons la fascinante programmation neurolinguistique, c’est une aptitude et une nécessité. Notre nature est de recevoir une culture adéquate, des savoirs faire et des savoirs être. Certes la pensée scientifique  a forme humaine, mais tout est ainsi, le corps aussi .Il s'agit d'envisager les choses en deux temps, la singularité et la généralité, le corps humain est spécifiquement humain et " en même temps " il est une forme particulière du principe général du corps, squelette, cellules, etc. versus mammifère. Il en est de  même pour la pensée conceptuelle articulée, proprement humaine dans sa forme, mais dans son essence, elle est créatrice donc transcendante et immatérielle puisque de l’ordre de l’acquis. Sans même parler d’âme constatons que nous dépendons, pour notre survie physique et psychique, de la culture qui n’est pas en soi matérielle. Clairement nous avons une faculté de création appliquée à la matière.Nous avons la capacité et la nécessité de l'apprentissage.  Ma grande idée est que le langage articulé de type scientifique est le pendant cérébral de notre main incomplète, qui sur le plan biologique de la survie, doit être prolongée d’un outil ou d’une arme. Si tout procède de la matière adoptons le point de vue du biologiste pour notre propre espèce, pour celui-ci tout est nécessité et le cerveau est au service du corps et non l’inverse. Si on reste sur le postulat matérialiste force est de constater que la pensée humaine créatrice appliquée à la matière, est un témoin du principe de pensée créatrice transcendante . Je propose " la matière est le verbe de dieu et la pensée créatrice est une étincelle divine adaptée à la forme humaine  ". Si  on met la pensée a part hors nature on est en  contradiction avec le postulat matérialiste . En conclusion si on va au bout du matérialisme ,le corps étant un donné (l’ADN est un langage qui nous préexiste qui fait de deux cellules un organisme entier  ) donc la pensée qui en procède et est a son service, celle qui fabrique et pilote utilement les outils et le corps, est un donné également. C’est donc un phénomène issu de la nature qui ne fait pas exception donc Dieu existe. Ou alors, à contrario, nous aurions  la monopole de la pensée créatrice et tout ce qui existe serait le fruit du hasard à l'exception de ce que nous faisons. Cela n’exclut  pas l’évolution  tout ce qui vit a son autonomie clairement mais dans une forme donnée à un moment donné. S’agissant de l’immanence ou de la transcendance , on est en présence de la manifestation humaine de la propension à focaliser, à ne voir qu'un coté à la fois , cela est aussi certainement une nécessité biologique puisque nous devons faire de toute chose une arme ou un outil qui se distingue d'un fond indifférencié. Si Dieu est Dieu une chose que nous pensons est vraie et son contraire aussi , comme ci dessus, on peut partir de l’hypothèse d'immanence et en la poussant jusqu'au bout, en considérant finement la constitution neurologique humaine au regard du corps, arriver à la transcendance.  Pour ma part je pense que la primauté du mental, qui envahit le champs de la conscience est la manifestation de l’instinct de possession, de « la main dans la tête » en quelque sorte ,  à mon sens on est sur la défensive, celle-ci met un mot et une utilité sur chaque chose, et on voit le mot et non la chose . A contrario, si on parvient à un instant de silence et qu’on est dans le « lacher prise » on peut se laisser aller à l’émerveillement et on cesse d’avoir une peur panique de l’inconnu. Face à l’ADN , deux attitudes mentales sont possible , soit on s’approprie cette connaissance  et on se rassure , la hasard prend la place du mystère  , soit on se prosterne humblement devant cette complexité infinie dont on n’est pas l’auteur. Einstein qui n’avait aucun problème avec la rationalité disait  Le plus beau sentiment du monde, c'est le sens du mystère. Celui qui n'a jamais connu cette émotion, ses yeux sont fermés 

  



samedi 30 mars 2019

ESSAI DE DEFINITION DE L'ART CONTEMPORAIN EN ART OFFICIEL

VERSION COURTE


    NOTRE DAME RECONSTRUITE " PLUS BELLE " EN " SHOW CASE " DE L'ART OFFICIEL CONTEMPORAIN.


    1965 est la date de la réédition de la cuvette de Duchamp , la France a subie 54 ans de " ready-made washing " et " d'effet d'exposition " à la dite cuvette. Ainsi la restauration de Notre Dame,   par définition à l'identique , n'est plus une évidence . C'est notre drame , la France est devenu le pays dont l'icône officielle est une cuvette. Comment en est on arrivé là ? Le présent texte est une tentative d'explication dans une forme non cartésienne adaptée au sujet  :  la pensée analogique.


    Comment un art qui est une absence d’art peut’ il jouer un rôle d’art officiel ?

    Pour une critique d’une absence on doit considérer la société comme un organisme qui a sa propre dynamique. De fait une société fonctionnant à l’instar d’un organisme existe dans la nature, citons la ruche. La situation humaine se rapprochant le plus du principe de la ruche est celle d'un orchestre en action. C’est une situation idéale d’harmonie entre dirigeant et dirigé. La question dans cette perspective est à quoi sert un art officiel dans le corps social ?.

    Le non art officiel s'impose en tant que référence commune. la guerre commerciale entre design et art .

    Le non art officiel s'impose en tant que référence commune, il prend toute la place de l'art, celui ci est devenu socialement invisible et affaire purement individuelle,place qui doit rester en friche. L’art est ostracisé et privé de toute reconnaissance officielle. La visibilité sociale lui est interdite, il s’en suit l’absence de cote, soit d’un petit marché pour l’artiste et donc la mort sociale. Ainsi le non art officiel agit par défaut, ne reste alors que le design qui est esthétisé  et se pare de l'aura de l'art, design soutenu par l'intense glose autour du ready made dit cuvette de Duchamp relancée en 1965 et par l'importance médiatique du pop art. Ce qui en terme de marketing s’analyse comme un biais cognitif dit «  effet d’exposition ». 
    Ainsi un contexte social réduit canalise le besoin de beau vers la mode et le design. Le soft power du commerce s’intéresse aux territoires psychologiques et imaginaires avec autant d'intensité que le hard power militaire s'occupe  des territoires géographiques. L'ouverture des esprits est un préalable à l'ouverture des marchés.
    Le "ready-made" a pris la place du "hand-made" et du "spiritual-made".

    Quand le non  art devient l'art  , quand les totems des uns deviennent les tabous des autres, la parole s'éteint, comme le démontre magnifiquement Yasmina Reza dans sa pièce " ART  " , en effet il ne s'agit plus alors d'une confrontation des opinions a partir d'une réalité commune mais de la confrontation de psychologies de gens qui vivent dans des mondes parallèles. La société se fracture, perd son unité organique, et se recompose en sous groupes sectaires parfois radicalisés. La profanation comble la place devenue vacante de l’échange.

    Au cœur du marketing une pratique, " l'effet d'exposition " et un principe, " l'envie crée le besoin " .

    L’angle abordé dans les textes publiés sur Mauvaise Nouvelle est principalement celui du marketing appliqué et non théorique. Ce n’est pas une science exacte. Le marketing a recours à la pensée analogique ou symbolique ou encore à l’association d’idée et d’image. Le principe en est que tout mouvement d’opinions ou de valeurs se double de création de nouveaux désirs et donc de nouveaux flux d’argent. Le désir est au fond production d’énergie corporelle qui va se décharger et se cristalliser en un acte de consommation, cela d’autant plus que le contexte aura été appauvri en possibilités d’actions. Le désir est au fond un acte en train de s'accomplir dans un temps long ou court.  La pensée dirige l'énergie, on comprend mieux si on remplace le mot désir par celui d’excitation. Les américains disent d’un produit qu’il est sexy ou pas. Un autre circuit est que toute dépression ou frustration donne lieu à ce que les psychologues appellent compensation. Un publicitaire me confiait «  la publicité a pour but d’organiser et gérer la frustration ».  Le résultat sera aussi un acte de consommation le plus souvent. 

    Un produit peut être " glamourisé ", esthétisé, soit rendu désirable, mais aussi une idée de soi ,un égo, une conception, un code comportemental. Le marché roi s’occupe de tous les besoins essentiels anthropologiques qu’il tend à privatiser.
    A cet égard un exemple emblématique de " washing" soit de rapport entre le symbolique, une situation réelle qui devait en effet évoluer, et un flux d’argent est entièrement dit et contenu avec l’exemple incontournable des « torches de la liberté » ainsi qu’a qualifié les cigarettes E Bernay. Aussi dans les théâtres et les lieux publics des gens se levaient pour dire « au nom de quoi on interdirait les femmes de fumer dans les lieux public » ce qui était le cas. C’est parfaitement légitime d’un côté d’un côté seulement. La cigarette est devenu le symbole de l’émancipation des femmes qui se sont mises à manifester en fumant comme les hommes . Il aurait mieux valu qu’elles en choisissent un autre. Ces personnes « biens intentionnées » étaient évidemment subventionnées par le cigarettier  employeur de E Bernay. 

     Quand le populisme rejoint l’élitisme.

     Ce qu’on reproche le plus à un art officiel au fond c’est de nous formater, c'est cela qui le caractérise en dernière analyse. C’est tellement vexant que le reproche est quasi inconscient. De fait il se donne tellement de mal qu’il finit par y parvenir à l’usure.
    A cet égard une conversation réelle et archétypale en même temps, à propos du monochrome bleu de Klein,  est  rapportée  en partie ci-dessous :
    «  Tu trouves que c'est de l'art , pour moi non »
    Suit le fameux « Mon fils pourrait en faire autant »
    Puis, après quelques instants « J'y connais rien, je sais pas » .
    Le premier mouvement est de penser que non, ce n'est pas de l'art mais puisque la société dit que oui , le doute s'installe aussitôt. Tout concourt à ce que le doute s'installe , la télévision qui est en tant que superstructure de référence commune est une des suites de l'art officiel , notamment la publicité de par son esthétique froide et minimaliste.
     Les historiens dit d'art, qui sont des historiens des ruptures manifestes, bien plus que des tableaux eux mêmes parachèvent l’œuvre de persuasion.
    La vraie histoire est celle des tableaux dans leur matérialité et des courants dont devraient être conservées les  formes les plus abouties.

    De ce fait la personne a intériorisé un sentiment d'infériorité sans s'en rendre compte , elle se sent «  has been » bien que cultivée. Cela  d'autant qu'il est plus confortable de se dire que c'est soi qui a un léger problème finalement restreint à la question de l'art actuel plutôt que la société dans son ensemble, idée insoutenable.
    C'est typiquement un processus de domination selon la définition de la «  violence symbolique »  de Pierre Bourdieu.

    Il n'en reste pas moins que chacun est libre , en retirant «  monochrome «  et «  Klein » de la proposition, de penser qu'un panneau monocolore bleu est de l'art "en soi" et non officiellement de l'art , bleu aussi « vibrant » que possible si l'on veut. C'est aussi l'opportunité de méditer sur le double sens de « en soi ».

    Le mépris de classe oligarchique. 

    l'art autoproclamé contemporain est bien du mépris de classe d'un nouveau genre, pire que tout ce qu’on a connu, comme on a tous les leviers, on est les maître de la valeur et on peut transformer de la m… d'artiste en or ( cf.  Piero Manzoni )  et réciproquement de l'or d'artiste en m… évidemment le mépris de classe est un accessoire indispensable vis a vis de ceux qui ne sont plus des artistes du seul fait du " prince", c'est plus qu'un accessoire, c'est une clef de voûte de ce drôle de jeu de rôle , tout se passe dans cette surface transactionnelle ( cf. analyse transactionnelle ), pour que le non-art soit l'art il faut que l'art soit le non-art.

    Le «  prince » est aujourd’hui un commerçant, l’art officiel est donc à son image et sert ses intérêts, il imprime sa marque, il a aujourd’hui les moyens de se payer l’art ( médias, salles de ventes, influenceurs subventionnés ou en espérance de subventions, etc ..) C’est psychologiquement et socialement logique, c’est psychosociologique.     
     


     VERSION LONGUE


    Comment un art qui est une absence d’art peut’ il jouer une rôle d’art officiel ? 

    Comment un art qui est une absence d’art peut’ il jouer une rôle d’art officiel ?  Si on considère cela du point de vue individuel et, par simple généralisation de celui ci, du  point de vue collectiviste de la société vue comme une simple somme d’individus, cela ne parait pas dramatique et même anodin ou de l'ordre du superflu.   Pour une critique d’une absence on doit considérer la société comme un organisme qui a sa propre dynamique, celle-ci étant certes en relation avec l’individu, mais aussi ayant une nature différente de celle de l’individu. On peut, avec ce postulat, se dire qu’il lui manque un organe, l’art officiel.  Par phénomène d’inversion de l’inversion il est nécessaire de faire une critique positive de l’art officiel pour contextualiser le non art officiel. Cela simplement en tant qu’antithèse de la thèse qui a seule cour. La question est à quoi sert un art officiel dans l’organisme social ?.

    De fait une société fonctionnant à l’instar d’un organisme existe dans la nature, citons la ruche, la fourmilière. Clairement l’homme a une double nature, individuelle et sociale. Il a une nature individuelle en tant que chacun est autonome, unique et singulier, et une nature sociale en tant que nous sommes faits aussi pour la communication et que nous dépendons du fait social pour notre survie. C’est un fait que nous partageons avec tous les primates. La situation humaine se rapprochant le plus du principe de la ruche est celle d'un orchestre en action.  Chacun en étant lui-même et au mieux de son potentiel participe de surcroît à une œuvre commune qui le transcende dont il ne perçoit pas l’ensemble. Le chef d’orchestre a un rôle apparemment subsidiaire mais indispensable. Il tire sa légitimité de son utilité manifeste, celle-ci procède de dispositions spéciales : il connait tous les instruments et possède la vision globale du projet commun.De plus de par sa position centrale il est à même de distribuer les rôles.Enfin quand l’orchestration est finie il rentre dans le rang. La partition n’est pas l’orchestration et réciproquement, ce sont deux « points de vue » ou « positions » différents.


    L'Art contemporain et sa critique 

     Pour une critique cultivée chacun des auteurs cités en bibliographie apporte sa pierre à l’édifice, aucun à lui tout seul ne peut faire le tour de la question. Chacun révèle une facette de la question. Chacun en tentant d’objectiver une absence d’art puise dans ses références dans un travail mémoriel et introspectif. Il sont critique d’art classique, historien de l’art, juriste, poète, auteurs inspirés par la spiritualité chrétienne et l’imagerie religieuse, artiste, veilleurs de l’art caché qui perdure, scrutateur de ce qui se passe du coté officiel ..

    Ainsi ils font le portrait de l’art en ombre chinoise, tant sur le plan social de l’art sinon officiel au moins simplement visible que sur le plan individuel et spirituel. Un peu comme quand un être cher disparaît tous ceux qui l’ont connu se rappellent du meilleur, chacun a sa façon, chacun étant penché autour de sa tombe.

    Ce faisant ils posent des institutions subtiles besoin de sacré, d’ordre visible, de diversité dans l’art, d’exemplarité, de repères communs,  besoins qui sont autant d’invariants anthropologiques. Besoins que le non art contemporain officiel se garde bien de combler mais dont la nécessité perdure.


    Le non art officiel s'impose en tant que référence commune,

    Le non art officiel s'impose en tant que référence commune, il prend toute la place de l'art, celui ci est devenu socialement invisible et affaire purement individuelle,place qui doit rester en friche. L'art est ostracisé et privé de toute reconnaissance officielle. Ainsi le non art officiel agit par défaut, ne reste alors que le design qui est esthétisé  et se pare de l'aura de l'art, design soutenu par l'intense glose autour du ready made dit cuvette de Duchamp relancée en 1965 et par l'importance médiatique du pop art .Ainsi un contexte social réduit canalise le besoin de beau vers la mode et le design. Le soft power du commerce s’intéresse aux territoires psychologiques et imaginaires avec autant d'intensité que le hard power militaire s'occupe  des territoires géographiques.

    Quand le non  art devient l'art  , quand les totems des uns deviennent les tabous des autres, la parole s'éteint, comme le démontre magnifiquement Yasmina Reza dans sa pièce " ART  " , en effet il ne s'agit plus alors d'une confrontation des opinions a partir d'une réalité commune mais de la confrontation de psychologies de gens qui vivent dans des mondes parallèles. La société se fracture, perd son unité organique, et se recompose en sous groupes sectaires parfois radicalisés. La profanation comble la place devenue vacante de l'échange .


    Au cœur du marketing, un principe  : " l'envie crée le besoin "

    L’angle abordé dans les textes publiés sur Mauvaise Nouvelle est principalement celui du marketing appliqué et non théorique. Ce n’est pas une science exacte. A ce propos  l’ouvrage de référence incontournable est « influence et manipulation » de M Cialdani . Le marketing a recours à la pensée analogique ou symbolique ou encore à l’association d’idée et d’image. Le principe en est que tout mouvement d’opinions ou de valeurs se double de création de nouveaux désirs et donc de nouveaux flux d’argent.Le désir est au fond production d’énergie corporelle qui va se décharger et se cristalliser en un acte de consommation, cela d’autant plus que le contexte aura été appauvri en possibilités d’actions. Le désir est au fond un acte en train de s'accomplir dans un temps long ou court.  On comprend mieux si on remplace le mot désir par celui d’excitation. Les américains disent d’un produit qu’il est sexy ou pas. Un autre circuit est que toute dépression ou frustration donne lieu à ce que les psychologues appellent compensation. Le résultat sera aussi un acte de consommation le plus souvent.  

    Un exemple emblématique de rapport entre le symbolique, une situation réelle qui devait en effet évoluer, et un flux d’argent est entièrement dit et contenu avec l’exemple incontournable des « torches de la liberté » ainsi qu’a qualifié les cigarettes E Bernay. Aussi dans les théâtres et les lieux publics des gens se levaient pour dire « au nom de quoi on interdirait les femmes de fumer dans les lieux public » ce qui était le cas. C’est parfaitement légitime d’un côté d’un côté useulement. La cigarette est devenu le symbole de l’émancipation des femmes qui se sont mises à manifester en fumant comme les hommes . Il aurait mieux valu qu’elles en choisissent un autre. Ces personnes « biens intentionnées » étaient évidemment subventionnées par le cigarettier  employeur de E Bernay.  


     Quand le populisme rejoint l’élitisme

     Ce qu’on reproche le plus à un art officiel au fond c’est de nous formater, c'est cela qui le caractérise en dernière analyse. C’est tellement vexant que le reproche est quasi inconscient. De fait il se donne tellement de mal qu’il finit par y parvenir à l’usure. Ce reproche n'est jamais formulé ainsi d'autant qu'on y est immergé ,il est difficile de s'en abstraire totalement.



    Ainsi en tant que dirigé il suffit de faire attention à nos ressentis, inutile de singer le dirigeant ou le gestionnaire qui a pris sa place. Laissons lui ses sciences sociales matérialistes singées des sciences dures. Il est très difficile de discerner ce qui dans le contexte général produit un effet, mais une fois que sont établies introspectivement les relations de causalité, naturellement l'expression en sera simple puisque on parlera alors en dernière analyse des besoins essentiels de l'individu. L'individu ne se prenant pas pour la totalité, mais dialectiquement dans ses attentes légitimes vis vis du corps social, sans nier celui ci, sans se poser ontologiquement en victime. Les sciences sociales peuvent nous aider ainsi que l'histoire à condition de ne pas s'y perdre et de décrypter dans le présent par analogie les formes actuelles du pouvoir. Ce point de vue dit " populiste " ou de " bon sens " , sous réserve qu'il ne prétende pas décrire la totalité , qu'il se soucie d'utilité sociale, est d’extrême importance puisque il indique in finé la réussite d'une politique ou son échec, le dernier mot devrait lui revenir  .

    A cet égard une conversation réelle et archétypale en même temps, à propos du monochrome bleu de Klein,  est  rapportée  en partie ci-dessous :
    «  Tu trouves que c'est de l'art ? Je pense pas, pour moi non »
    Suit le fameux « Mon fils pourrait en faire autant »
    Puis, après quelques instants « Quelque chose doit m'échapper , j'y connais rien, je sais pas » .
    Le premier mouvement est de penser que non, ce n'est pas de l'art mais puisque la société dit que oui , le doute s'installe aussitôt. Tout concourt à ce que le doute s'installe,  le grand média est congruent,  la télévision qui est en tant que superstructure de référence commune est une des suites de l'art officiel , notamment la publicité de par son esthétique froide et minimaliste.
     Les historiens dit d'art, qui sont des historiens des ruptures manifestes, bien plus que des tableaux eux mêmes parachèvent l’œuvre de persuasion.
    La vraie  histoire est celle des tableaux dans leur matérialité dont les historiens sont ou devraient être les conservateurs idéalement alliés aux collectionneurs et aux critiques d'art classique de sorte que chaque courant soit représenté dans ses formes les plus abouties.
    De ce fait la personne a intériorisé un sentiment d'infériorité sans s'en rendre compte , elle se sent «  has been » bien que cultivée dans le sens classique du terme. Cela  d'autant qu'il est plus confortable de se dire que c'est soi qui a un léger problème finalement restreint à la question de l'art actuel plutôt que la société dans son ensemble, idée insoutenable.
    C'est typiquement un processus de domination selon la définition de la «  violence symbolique »  de Pierre Bourdieu.
    Il n'en reste pas moins que chacun est libre , en retirant «  monochrome «  et «  Klein » de la proposition, de penser qu'un panneau monocolore bleu est de l'art "en soi" et non officiellement de l'art , bleu aussi « vibrant » que possible si l'on veut. C'est aussi l'opportunité de méditer sur le double sens de « en soi ».

    Patrick O.R BURANDELO
    Bibliographie

    Aude de Kerros : l'art caché , Sacré art contemporain , Années noires de la peinture , Imposture de l'art contemporain
    Christine Sourgins : Les mirages de l'art contemporain
    Jean Louis Harouel : La grande falsification l'art contemporain
    Jean Clair : Malaise dans les musées , Considération sur l'état des beaux arts , Sur Marcel   Duchamp et la fin de l 'art
    Annie Lebrun :  Ce qui n'a pas de prix
    R Cialdani : Influence et manipulation
    Nicole Esterolle : ABC de l'art contemporain

    Liens vers Mauvaise Nouvelle :





    **** "jeff koons c'est le bouquet " en entier :

    http://www.mauvaisenouvelle.fr/?article=art-contemporain-jeff-koons-cest-le-bouquet---1229

    Jeff Koons : c’est le bouquet !

    Par  

    Jeff Koons a le mérite d’être franc et cohérent, voici ce qu'il disait en 2014, lors de sa grande exposition à Beaubourg :
    « Mon travail est contre la critique. Il combat la nécessité d’une fonction critique de l’art et cherche à abolir le jugement, afin que l’on puisse regarder le monde et l’accepter dans sa totalité. Il s’agit de l’accepter pour ce qu’il est. Si l’on fait cela, on efface toute forme de ségrégation et de création de hiérarchies. »

    La dissonance cognitive

    Depuis Duchamp,l’artiste dit ce que l'on doit voire, cependant le regardeur n'est pas obligé d'être d’accord. Si l'artiste dit à propos d'une vessie « ceci est une lanterne », on n'est pas obligé de s'en persuader. Ainsi ce « bouquet de tulipe » de Jeff Koons, visuellement, quoiqu'en dise l'artiste, m'évoque un bouquet mou de rectums. Associé à cette sinistre main coupée qui vrille, l'ensemble m’évoque visuellement le thème du « fist fucking », une ambiance organique de ce genre. D'aucuns verrons un bouquet joyeux de guimauve, d'autres une sorte de fouet, d'autres encore des ballons. En tous les cas, sauf à s'en convaincre, s’hypnotiser, à laisser le vocable « tulipe » investir le sens visuel et modifier ses références ordinaires, sauf à voir ce que l'on croit et ne plus croire ce que l'on voit, force est constater que ça ne ressemble pas spécifiquement à un bouquet de tulipes. Certes, chacun a sa subjectivité, mais en l'espèces, trop peu des caractéristiques de la tulipe sont évoquées, fusse-t-il de façon synthétique.
    Et quand bien même on finirait par y voir quasiment des tulipes, il demeurera toujours une ambivalence sur ce que cela représente, une ambiguïté, une dissonance cognitive, phénomène bien étudié en psychologie sociale. Sur le plan psychique rien de tel que le clivage entre deux pôles pour fracturer la cohérence d'une personne, ainsi qu'on l'observe dans les cas de harcèlement moral. Puisque le cerveau a tendance à produire de la cohérence nécessaire à l'action et à la sécurité, puisque l'émotion de peur que l'on peut situer à l'interface du corps et de l'esprit est au fond l'émanation de l'instinct vital, en cas de clivage persistant, ce même cerveau, pour retrouver un semblant de cohérence , réduire la menace en s'adaptant à la situation, va ajuster sa pensée sur un des pôles le plus menaçant et effacer l'autre progressivement en tout ou partie ( cf. Théorie de l'engagement, syndrome de Stockholm). Il y a dissonance aussi en terme symbolique, d'une part entre le kitsch de l'objet, sa dimension et l'emplacement choisi et, d'autre part, sa fonction commémorative.

    L’erreur d’attribution émotionnelle

    Revenons sur l'affaire du plug anal de la place Vendôme. L'avantage est qu'il n’y a aucune ambiguïté sur ce dont il s'agit, en soi ce n'est pas une œuvre, ce n'est d’ailleurs pas non plus un sex-toy, ni un sapin de Noël puisqu’on était à Noël. En soi, c'est très précisément un accessoire qui prépare la sodomie.
    Ainsi certaines « œuvres » monumentales n'existent que par les remous psychologiques qu'elles provoquent. Le plug a été placé là où des gens seraient heurtés dans leur sensibilité, soit place Vendôme, et non dans le Marais ou cela aurait pu être perçu comme ludique. Le principe s's'appelle l'erreur d’attribution émotionnelle, principe bien connu en psychologie sociale. C'est à dire que ça doit être absolument là où ça choque, ainsi les gens disent et pensent « ça dérange donc c'est de l’art ». L’ « œuvre » a donc besoin d’un contexte, l'émotion ne résulte pas d’elle-même mais de la provocation. On attribue à tort à l'œuvre cette émotion, on associe à tort les deux. Ainsi, sans s'en rendre compte, on lui concède peu ou prou le statut d'œuvre d'art, phénomène très pervers. C'est à dire que le plug en soi, dans un autre contexte, n'exprime rien, c'est juste un plug, donc ce n'est pas de l’art. Le propre minimal d'une œuvre d'art est de se suffire visuellement à elle-même. On a donc des artistes subventionnés qui sont payés avec nos impôts pour nous violer la tête…
    Revenons également sur le « domesticator » qui aurait pu s'intituler plus justement « enculatoré », dans la tradition de l'approximation sémantique de Duchamp : pissotière ou ready-made ? Le « domesticator » donc fut déplacé des Tuileries à Beaubourg, au grand dam de l'artiste. On se demande pourquoi. Placé dans son contexte naturellement « moderne », n'ayant pour le moins aucune des qualités propres à un objet d'art monumental, devant Beaubourg, il passa totalement inaperçu et ne provoqua pas de tollé à l'exception de l'indignation de la SPA.
    Le propre attendu d'une œuvre d’art, a minima, est de se suffire visuellement à elle-même pour porter son message quel qu’il soit, d'attirer l'attention et de transporter les émotions de l'artiste en tant que média autonome sans qu'il soit besoin par principe d’un « médiateur ». A cet égard, précisons que le médiateur explique le projet de l'artiste dit contemporain, chose inouïe dans l'histoire de l’humanité. Tout se passe en fait comme si le territoire du verbe débordait sur celui du sens visuel.
    A ce propos, l'art autoproclamé contemporain, n'est rien d'autre que la prise de pouvoir territoriale de l’intellectuel sur l’art. Celui-ci se pare de l'aura de l'art. L’artiste, figuratif ou abstrait, devient volontairement et visuellement sans message ni émotion. Le froid est la marque de fabrique de l’art autoproclamé contemporain tout genre confondu. Visuellement insignifiant, il cède la place au médiateur et donc à l'intellectuel, celui-ci se rend ainsi indispensable et doit verbalement compenser l'indigence visuelle de l’œuvre qui ne se suffit plus à elle-même. Telle est bien la doxa enseignée partout : pas d'émotion, surtout pas d'émotion ! Comme le dit Jean Clair, l’artiste officiel a abdiqué sa responsabilité et son pouvoir, c'est une histoire de pouvoir, une industrie de l’art a pris sa place.

    Conclusion : le totalitarisme de la pensée

    Confucius disait « quand les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté ». Ainsi est-il temps que les objets retrouvent leur fonction. Au fond, la pensée scientifique nous apprend que de toutes les théories possibles appliquées à un objet, seule doit être retenue celle qui est efficiente. Un plug, ce n’est ni un sapin ni un sex toy, c’est précisément un accessoire nécessaire à la sodomie. De la même façon, si on remonte dans le temps à Duchamp, dont se réclame Jeff Koons, une cuvette ce n'est pas non plus un ready-made, ni une cuvette, si on met le juste nom sur la chose et qu'on la ramène à sa fonction à et son utilité, ce qui est le plus important, c'est une pissotière. Tout le reste, toute autre spéculation, n'est que l'émanation du plaisir morbide de l'intellectualisme, pâle copie de l'exercice de l'intelligence et du discernement. Enfin, il est à noter que toute l'ambivalence résulte là aussi du contexte, notamment du fait que la pissotière soit officialisée par sa présence au musée.
    Ainsi insidieusement il a été instauré le totalitarisme de la pensée : une partie devient le tout. Le geste d'exposer une pissotière devenu art officiel donc exemplaire, contient en germe la négation de l'autonomie du sens visuel et de l’émotion comme vecteur possible de connaissance : Je vois et je crois ce que l'on me dit et ce que je vois ne compte plus. C'est symbolique ou psychosociologique que cette pissotière soit devenue une icône d'une certaine gauche sociétale embourgeoisée et du marché mondialisé. Une pissotière est ainsi devenue monument de l'art officiel, un symbole exemplaire et impératif de l’intellectualisme, sanctifié par l'autorité, par une abondante littérature et par sa présence au musée. Elle est icône devenue en tant que telle fortement prescriptrice en termes d'intégration sociale, portant l'injonction au chic distancié sociétal.
    Pour ne pas être taxé de « complotiste », on se bornera à constater une belle série dans l’art contemporain monumental : plug, vagin de la reine, domesticator, … il semble bien que la force de cette subversion et de la subversion en général, soit de paraître anodine, de se cacher sous divers masques : celui de la libération, de l’humour, du questionnement et même de l'autocritique partielle. Au final, tout se passe comme si le but était de nous faire renoncer à nous même par touches successives, chacun jugera… « le diable se cache dans les détails. »
    Ainsi pourra t'on peut être un jour remercier Jeff Koons de nous avoir libéré et déconditionné de l'emprise délétère de la pensée de Duchamp en la poussant jusqu'au bout de façon finalement assez naturelle et décomplexée.
    ***** Le premier lien en entier :
    http://www.mauvaisenouvelle.fr/?article=art-contemporain-lart-contemporain-est-un-art-officiel--1051

    L’art contemporain est un art officiel

    Par  

    L’art contemporain est un art officiel caution esthétique de la société de consommation

    1. Rien n'est jamais sans conséquence. En conséquence, rien n'est jamais gratuit
    2. Quand les mots perdent leur sens les gens perdent leur liberté
    3. Qui comprend le nouveau en réchauffant l'ancien peut devenir un maître (Confucius)
    Supposons que de tout temps l’art officiel a été au pouvoir ce qu’aujourd’hui le marketing est à la marque c’est le fil conducteur de ce petit essai sur l’art autoproclamé contemporain et officiel.

    Retour à l'envoyeur à M. Bourdieu et aux "french theories"

    L’art a toujours été un art officiel, des pyramides, du buste des empereurs romains en passant par les cathédrales, par Florence et les Médicis par Louis XIV jusqu'au XIXème siècle et également l'art primitif qui obéi aux canons de chaque ethnie et qui est un vecteur d’identité, Le nazisme ne peut pas servir de référence pour penser l'art c'est lui faire trop d'honneur et ce n'est pas aimer ni servir l’art. Simplement l'art a son autonomie car il survit aux commanditaires et il ne reste que la beauté des réalisations qui profite aux générations suivantes. De nos jour l’art officiel est l’art autoproclamé contemporain, insidieusement par son absence symbolique il semble vouloir nous habituer au mépris de classe oligarchique afin que celui ci soit intériorisé en tant que norme, il semble anodin par sa vacuité, mais son absence symbolique est le comble de la violence symbolique (au sens de Pierre BOURDIEU), cette vacuité officialisée exprime la fin de l’autorité, de l’exemplarité, de l'art, de l’éducation, de l’élévation personnelle et sociale par le talent, de la culture, de l’histoire… et surtout pas d’argent, cela semble dire : "allez débrouillez vous …allez allez circulez ! il y a plus rien à voir !"
    Pierre BOURDIEU : "La violence symbolique est une domination sociale. C'est un processus de soumission par lequel les dominés perçoivent la hiérarchie sociale comme légitime et naturelle. Les dominés intègrent la vision que les dominants ont du monde. Ce qui les conduit à se faire d'eux-mêmes une représentation négative."
    Un art officiel désigne par analogie ce qui officiellement beau et vrai, ce n'est jamais sans conséquence car personne ne veut être désigné comme vulgaire et dans le faux et être exclu de la cité. Ce qu’on appelle aujourd’hui les codes. L’esthétique, la mode, soit "le chic", autrement dit la manière d'être officielle donc socialement admise et identifiable fait le passage entre l'art et la manipulation sociale, entre le symbolique et le politique.
    On sous-estime la puissance du symbole. Ne laissons pas l'iconologie et la sémiologie aux publicitaires. Toute image contextualisée dans un espace public et officialisée par une autorité porte un message. Une image provoque des associations et peut avoir plus d'impact qu'un discours car les suggestions émotionnelles qu'elle provoque échappe aux défenses conscientes. Beaucoup de phénomènes se passent en deçà du conscient peut être les plus déterminants. Ainsi toute approche objective (ce qui se passe) devrait à mon sens se doubler d'une approche subjective (ce que je ressens), soit allier l'intelligence analytique des faits (le vrai) et l'intelligence instinctive incarnée vitale émotionnelle (le bon, c'est bon ou mauvais pour son existence, c’est binaire), celle-ci ayant le dernier mot et devant départager, car in abstracto, sauf cas extrême, tout se vaut. Il s'agit de voir ce qui est montré, de voir hors de soi, objectivement, la proposition sociale et dans le même instant, dans un continuum psychosocial, en soi, subjectivement, l'impact de cette proposition sur notre constitution individuelle.

    Quelques ressentis entre subjectivité et objectivité, liste non exhaustive…

    Aujourd’hui le monde est une entreprise la culture dominante ou qui entend l’être est la "culture d’entreprise" et l'art officiel, l'art contemporain est à son image du harcèlement moral (soit de la dissociation cf. double contrainte) et la contre culture est devenu son instrument, elle fournit un instrument adéquat pour dévaluer la culture à ses propres yeux. L'art qui s'autoproclame contemporain devrait t'on dire plutôt que art contemporain, ainsi qu'il s'intitule lui même dans toutes ses manifestations (écoles, médias, institutions muséales), contemporain est un terme qui renvoie à l'histoire de l'art qui est ainsi privatisée.
    Le prince est aujourd'hui un commerçant, l'art est donc à son image et sert ses intérêts, le prince (aujourd’hui le commerçant, il a aujourd'hui les moyens pour se payer l'art) imprime sa marque, c'est psychologiquement et socialement logique, c’est psychosociologique.
    On peut se demander quel est, sinon le mobile au moins la dynamique interne, le moteur, l'utilité pour les tenants du pouvoir mondialisé, dans le contexte contemporain de cet art officiel ? (En règle générale le pouvoir ne contrôle pas tout mais il favorise ce qui le favorise, inhibe ce qui est contraire à son intention, il est le maître du licite et de l’illicite sociétal, et influe par petites touches indirectes dans toutes les opportunités qu'offre la situation générale. C'est une intention. Chacun comprend ce qu'il a à faire dans sa sphère d'influence.) Je le rapprocherai de la publicité dont un publicitaire me disait que son but était "d'organiser et de gérer la frustration". (soit canaliser l'énergie vers la consommation, énergie dont on fait en sorte qu'elle soit inemployée, "l’envie crée le besoin" grand principe du commerce : faire en sorte que le désir qui est énergie au fonds, se cristallise sur un objet, et se transforme en pulsion d’achat irrépressible, principe qui se décompose en techniques élémentaires de manipulation ou communication, suivant la finalité, suivantes : réactance, erreur d'attribution émotionnelle et effet d'exposition. CF. Bibliographie : Robert Cialdani "influence et manipulation"
    Un second effet est d'habituer hypnotiquement (suggestion et force de l'habitude) les gens au fait qu'il est nécessaire que d'autres pensent pour eux non pour parti, conjointement, ce qui peut être utile, mais totalement, c'est le principe d'expertise ou de monopole de l'intelligence. La suggestion est "je sais ce qui est bon pour toi, mieux que toi et sans même avoir à te consulter". Cela puisque c'est un art cérébral qui nécessite une initiation, qui assume qu'il est inaccessible au "commun", du même coup l'émotion, l'instinct le cœur sont dévalorisés en tant que vecteurs de connaissance puisque ils ne sont pas requis et ostracisés par cet art officiel qui donne le ton.
    Un autre effet infantilisant est le suivant, le consommateur est modélisé en enfant puisqu'il doit laisser libre cour à ses pulsions : sachant que nous sommes constitués de telle sorte qu'il nous faut pour exister pleinement sinon repousser les limites au moins se confronter aux limites, en tant qu’art officiel reconnu par l'institution et le marché l'art contemporain exprime le fait que l'autorité se charge de sa propre subversion de sa contradiction. Papa est "cool" papa est un ado lui aussi mais il n'a pas de sou.
    Enfin on peut parler de sidération, mais on comprend mieux si on parle de découragement, dans le commerce, dans sa forme la plus agressive, comme il s'agit de faire de la marge, il s'agit autant de dynamiser l'acheteur que de décourager le fournisseur, si on "casse les arguments du fournisseur, on le casse", si on casse son esthétique, en lui démontrant que socialement elle est obsolète, par l'exposition permanente à de grands monuments officiels, on le casse aussi, plus en profondeur encore. Il y a clivage dans le sens que c'est soi le plug anal ou le vagin de la reine que l'on nous met sous les yeux, qui est de l'art d'aujourd'hui et on est de son temps mais on se trahit un peu soi même ou c'est Versailles mais la suggestion est que quelque chose nous échappe, on est un peu "has been", dans tout les cas on est dans une position déplaisante et dévalorisante (harcèlement moral) D’autre part en terme d’exemplarité le message est clair, on n’a pas besoin de talent, il n’y plus d’ascension sociale par le mérite, soit on est du bon côté soit pas, si on est du bon côté on peut gagner sa vie en couvant un œuf, bel exemple !
    C'est la civilisation de la consommation et de la déambulation, en ce sens l'art dit contemporain fournit l'esthétisation adéquate, l’histoire nous apprend que toute propagande se double d'une esthétique. Si on déambule toute une nuit blanche (budget 1.2 millions d'euros) devant des objet d'art de peu de sens, il devient chic et élégant de déambuler (cf. théorie de l'engagement) puisque ce sont des objets d'art sanctifiés par le musée et par l’ autorité du marché (autorités sociales cf. la pulsion d’emprise sociale), or déambuler ne mène à rien, le vide mène à l'envie et l'envie mène au besoin (cf. L’envie crée le besoin, c'est bien connu dans le commerce) Globalement, vu dans sa fonction sociologique ou ce qu'elle devrait être, l'art contemporain est l'art frustrant, émotionnellement, sensorielle ment, spirituellement. La frustration déséquilibre, elle crée une sorte d'appel d'air et la vitalité se concentre alors dans ce qui reste possible, l'envie d'obtenir une chose ou une autre. L'art contemporain est une publicité générale pour la consommation.
    La déambulation hébétée devant l'art contemporain valorise (on doit se trouver beau et intelligent quoi que l'on fasse sinon vraiment beau et intelligent au moins net, propre et socialement intégré) et légitime et entraîne à la déambulation insatisfaite dans les centres commerciaux et les longs couloirs de commerces des centre ville.

    Petite conclusion temporaire

    La liste n’est pas close des effets de cet art officiel en creux financiarisé, creux plein d’utilités psychosociales. La seule consolation c’est qu’on peut observer in vivo et dans le temps présent l’importance d’un art officiel en terme d’influences, de légitimations de toutes sortes. Aujourd’hui il s’agit d’un non art qui s’impose, qui prend toute la place de ce qui devrait être, qui occupe le terrain, terrain qui doit rester en friche, il peut ainsi faire office de marqueur pour l’étude dans le temps présent du phénomène d’art officiel.
    A toutes les époques l'art officiel a été une sorte d'échange entre un intention du pouvoir, protecteur de arts, et une adhésion du public flatté dans son ego et séduit et éduqué par la beauté des propositions architecturales, picturales, sculpturales. Ce qui est trompeur est que l'art contemporain est un art officiel à sens unique dans le sens qu'il n'a pas l'adhésion du peuple car il ne donne rien, c'est un art officiel qui ne s'assume pas en tant que tel, c'est un art officiel subliminal au service de la promotion du vide.
    A propos de sidération ou de découragement, l'art autoproclamé contemporain est bien du mépris de classe d'un nouveau genre, pire que tout ce qu’on a connu, comme on a tous les leviers, on est les maître de la valeur et on peut transformer de la m… d'artiste en or et réciproquement de l'or d'artiste en m… évidemment le mépris de classe est un accessoire indispensable vis a vis de ceux qui ne sont plus des artistes du seul fait du " prince", c'est plus qu'un accessoire, c'est une clef de voûte de ce drôle de jeu de rôle , tout se passe dans cette surface transactionnelle ( cf. ANALYSE TRANSACTIONNELLE ), pour que le non-art soit l'art il faut que l'art soit le non-art.