mercredi 24 octobre 2018

POESIE : " LES FLEURS AMORALES DE JEFF KOONS "

LES FLEURS AMORALES DE JEFF KOONS

La matière est le verbe de Dieu, tout est code et information, il n’y a rien à y faire;
Est ce morbide ou vital ? ça commence a bien faire ! plutôt à mal faire.
De l’ADN aux traditions de savoir être et de savoir faire ..
Le vrai est indissociable du bon, sa conséquence, et du beau, son symptôme,
Tout ce qui est procède du lien, de l'harmonie entre les parties, sociétés, cerveau et atomes,
A l'inverse quand une partie devient le tout totalitaire, la vie perd son arôme.
Toute culture est perfectible, pourtant elle est nécessaire.
Elle est lien, implicite contrat social, et expérience.
Il n'existe qu'une espèce humaine et de l'humain tant d'expérience.

Casser les codes donne parfois une heureuse mutation,
Le plus souvent c’est le principe même du cancer.
Petit soldat dressé à la mode "casse code",
Bouge ! coure ! vole en uniforme de dress code,
Idiot inutile inemployable et pitoyable,
Ton propre monde sera pour toi impitoyable.
Quand viendront les rides,
Ton âme sera si aride,
Que la nature ne comblera plus ce vide .
L'eau du verseau y passera en courant rapide.
Cela vaut pour un athée con-vain-cul, sa parole est sans or,
Sans vérité, c'est un croyant qui s'ignore,
Qu'elle prétention, il sait que Dieu est mort.
En tout et pour tout, la cause première totale , l'idée, il adore,
En fait toute perspective sur l'infini, il abhorre. 
La matière, dans les deux sens du terme, est son dieu, 
La science et son objet, sa pensée a un terme;
Sa pensée matière se fait pierre, elle se calcifie, quand il se fait vieux. 
A l'ego, aux idées de soi désincarnées,  au mépris de ses sens,
Il s'identifie et par elles possédé, il se met en transe.
Pourtant sensibilité ,  idée et mouvement se marient dans le bon sens, 
Ainsi, quand pour chaque instant on a la réponse , le juste sens,
La menace et la question s'effacent et se fait le silence.

« Casses les codes » et il ne restera que le code barre,
Un barbare "barré" est de « l’or en barre » pour la distribution.
Le produit est l’idole de ce monde binaire.
Le ready-made est son art officiel.
Les regards ne se tournent plus vers le ciel.
L’avoir, ersatz immédiat de l’être, devient totalitaire.
Tout le monde avec le cerveau dans la main,
C’est le projet du monde de demain.
Hasthag " toute bonne cause " est son totem,
Qu'importe ! pourvu que , subventionné, il y ait l'ivresse de la croisade, du même, et du j'aime.
Yé ! Men ! Pas d'hasthag " juste répartition des richesses produites ", voila le tabou ! cette idée se meurt.
En guise d’éternelle culpabilité on a le gentil Phil en insider, 
Qui, à sa guise, désigne le méchant Phob pour le rôle de l'outsider. 
Un tel monde binaire produit des trolls narcissiques, des hystériques et des bipolaires.
Pourtant, à l’instar des signes contraires en harmonie de l’astrologie,
Le discernement, soit la nuance en soi, est un don du ciel,
Elle est une jolie danse entre cœur, peur, idée et acte , c’est bien de l’alchimie .
Qui donc mène la danse ? qui est l'auteur de cette chorégraphie ?
C'est ainsi,  adieu le deuil ! Ceux qui courent sur les tombes,
Ils n'auront pas ma haine,
ils n'en valent pas la peine.
Le deuil de Dieu ! Ceux qui rient aux enterrements,
ils n'auront pas mon mépris,
ils sont trop petits.

ils n'auront pas mon indifférence,
je respecte leur différence.
Mais non de Dieu ! si ils tombent,
Ils auront ma joie,
c'est conforme à leur loi.

PATRICK BURANDELO 

samedi 28 juillet 2018

LES CERCLES DE CARCASSONNE - CE N'EST PAS DIEU QUI EST MORT C'EST LE MOT QUI EST UN PEU USE

" J' ÉTAIS TELLEMENT ÉNERVÉE QUE JE M' EXPRIMAI D’UN  MOT , JE PENSAIT TOUT DIRE MAIS DE TOUTE FACON PAS MOYEN DE FAIRE UNE PHRASE, DE FORMULER "   ( propos d’une amie bipolaire sortie d’affaire , propos tenu  longtemps après les faits  )

 LES CERCLES DE CARCASSONNE

1/ INTRODUCTION

Pour traiter de cette provocation il m’a paru indispensable de procéder à un long détour dans la complexité, dans ma complexité. La provocation peut avoir la vertu, si on lui survit, de nous pousser dans nos retranchements et de nous faire mettre bon ordre dans nos conceptions afin d’encaisser au mieux le choc. Il ne s’agit pas d’en rendre Grace au provocateur, c’est un effet subsidiaire non voulu par celui-ci. Puisque c’est l’art qui est attaqué dans son fondement tentons de le définir de façon complexe de sorte qu’apparaisse la simplicité du procédé de provocation et ses buts. Ainsi ce détour devrait permettre de le contextualiser dans sa juste perspective, en mettant les mots adéquats sur le phénomène on le matérialise, on peut se l’approprier et en minimiser les effets toxiques.

2/ L’UMWELT ET LA CONSTITUTION

Le biologiste et éthologue allemand Jacob Von Vexkull a posé le concept de « l’umwelt », environnement en allemand, c’est le monde environnant qui intègre la constitution et donc le système cognitif spécifique de chaque espèce, ce qu’on peut appeler la sensibilité avec cette fois la même nuance de neutralité que quand l’on dit mentalité. Une même grotte est une toute autre réalité pour une chauve-souris quasi aveugle et dotée d’un sonar que pour un humain.Qu'on le veuille ou non c'est la sensibilité qui amène l'information à la mentalité et en sens inverse c'est aussi la sensibilité qui met des limites , en tant que corporalité sociale et individuelle,  à la réalisation des utopies produites par la mentalité. On trouve cela notamment dans la pensée de type scientifique qui intègre le concept et les sens car toute théorisation se double de mesure, mesure qui désigne autant une vertu que l'emploi circonspect des sens . On parle  d'entendement  , de discernement , de conception, ce sont autant de mots essentiels qui impliquent le corps et l'esprit .
On peut les classer ainsi après coup ces utopies en morbide ou vitale, bonne ou mauvaise en tout ou partie , idéalement il faudrait tirer les leçons de chaque cycle et ne garder que le meilleur, améliorer sans cesse . C'est le triple sens du mot " sens " et ' bon sens ' à la fois signification, direction et cognition.
  
 « Ce que nous observons, ce n'est pas la Nature en soi, mais la Nature exposée à notre méthode d'investigation. » disait Heisenberg un des fondateurs de la physique quantique , de même la relativité intègre l’observateur dans la théorisation de sorte que le temps et l’espace sont remise en cause en tant qu’instruments de représentation utiles et propre à notre espèce , c’est une science consciente d’elle-même autant que faire se peut , c’est bien l’expérience des limites , on connait la subjectivité psychologique ou culturelle , mais en amont de celle-ci , en amont de toute production de pensée il existe une subjectivité d’espèce , une subjectivité cognitive, à laquelle il est impossible d’accéder directement mais dont on fait l’expérience dans les sciences  ci-dessus évoquées et dans les expériences artistiques classiques ou sportives de haut niveau . Classiques, car il s’agit de se confronter au réel avec notre constitution pour éprouver ses limites en action ( art figuratif dit académique ou danse classique ou traditionnelle  qui respecte et est une science du corps et de ses limites )  

3/ LE FAIT BIOLOGIQUE

Si on adopte le point de vue du biologiste et qu’on le tourne sur nous même et si on pense avec trois catégories : constitution, survie et environnement, on s’immerge dans la nature en entier, corps et esprit, qu’elle peut bien être la fonction de la pensée dans cette perspective utilitariste maximale ;
Ne nous y trompons pas dès qu’on emploie le mot « intérêt », il y a la survie qui pousse, certes pour les classes riches le rapport est plus indirect, les riches pensent « espèce » tandis que le pauvre pense « individu », ce sont presque deux « umwelt » irréconciliables.  
L’idée est qu’en allant au bout de la contingence on peut faire apparaitre la transcendance avec plus d’éclat par contraste et exclusion.
A cet égard il se peut que nous ayons une forme d'intelligence adaptée à la préhension, de fait " le nom n'est pas la chose ",outre le fait qu'il désigne la chose, ce qui correspond à un geste primordial de la main, bien souvent il est son utilité, sa fonction, on en revient toujours au faire, aux homos sapiens et saber unifiés.
« l’umwelt» appliqué à notre espèce me semble un bon angle pour démontrer au moins ,intellectuellement la nécessité de l’existence d’une conscience supérieure à la nôtre. 

 De fait nous sommes une espèce non spécialisée constitutivement parlant, doté d’une main incomplète, incapable d’assurer à elle seule la survie si elle n’est prolongée d’un outil. Ainsi la constitution cérébrale dans une perspective biologique est d’abord au service du corps. Principalement de la main qui est une pince avec son pouce opposable, le propre de notre constitution cérébrale miroir de notre anatomie est la faculté créatrice afin de produire et piloter les dits outils, c’est la capacité de produire des outils. Ce qu’on appelle le verbe improprement, c’est plutôt la syntaxe et non le son qui nous appartient en propre, le langage articulé. Cette pensée créatrice efficiente de type scientifique qui peut faire acte utilement est certainement le pendant cérébral de notre faible constitution. La plupart des autres espèces ont des comportements moteurs davantage préétabli par leur constitution spécialisée au regard de la survie .Cela n’exclut pas une part de décision et d’adaptation à l’environnement à chaque instant.    
Ainsi en allant au bout de la nécessité que l’on traque sous toutes ses formes, la pensée articulée créatrice apparaît comme un donné tout comme le corps, précisément celle qui fait des outils et dirige utilement l’énergie produite par le corps dans des stratégies sans cesse renouvelées.
De fait la pensée dirige l’énergie générée indistinctement par le corps, c’est le sens , dans un temps court, du principe du commerce «  l’envie crée le besoin » .Le désir autrement dit l’excitation se cristallise sur un objet et se décharge dans l’acte d’achat ( jusqu’aux achats compulsifs irrépressibles de nombre de bipolaires qui se cantonnent  sans doute aux stratégies à court terme par faiblesse du discernement )
 .Dans cette perspective vitale on ne peut pas dissocier la pensée de l’acte qui en résulte ni l’acte de son efficience au regard de la préservation de l’espèce et de l’individu ; Le concept en tant que faculté de discernement est un don de la nature à l’instar du corps, avec l’angle biologique il est à son service et non l’inverse, nous ne faisons pas exception. Ce ne peut être qu’une étincelle d’essence divine adaptée à la forme humaine, si la pensée conceptuelle articulée est un donné elle ne peut que procéder d’une conscience supérieure probablement à la fois immanente et transcendante, concentrée et diffuse selon son bon vouloir.

 4/  L’ALPHABET - LA SYNTAXE

Si on admet que le concept est au service de la main on comprend qu’il soit réducteur, il ne faut pas lui en vouloir c’est sa nature. Il s’agit de donner à une chose ou par extension à une situation, une personne le statut d’outil, une utilité,  le concept chosifie, réifie on le sait. Les sens multiples des maîtres mots suivants sont des aveux d’utilitarisme, saisir, comprendre, concevoir, manipuler, ils associent la main , le concept et l'utilité. Le concept est entaché d’utilitarisme et de nécessité. 
 Le mot «  formuler » renvoie au langage articulé et au règne matériel , nous avons une trentaine de petits muscles autour de la bouche qui permettent le langage articulé , c ‘est une spécificité anatomique .
D’autres maîtres mot sont focaliser, discernement ils impliquent le sens visuel et le concept toujours avec une nuance d’utilité vitale. Il s’agit de discerner pour l’homme, dans son champ visuel, ce qui est forme et fond, quel objet pourra servir en tant qu’outil ou arme, c’est cette constitution cognitive neurolinguistique utilitaire
qui donne au fond et à la forme leurs statuts respectifs, il s’agit bien d’une subjectivité d’espèce ou objectivité relative.On trouve la trace de cela dans tout ,
avec l'apprentissage de la lecture les dessins d'enfants perdent leur nécessaire unité qui plaît à l’œil, l'artiste adulte doit ensuite composer son image pour compenser. C'est aussi la source de tous les totalitarismes , quand une partie devient le tout. Il est curieux de constater le coté extra humain des savoirs faire  dans leur principe en effet ils s’acquièrent et se perdent à un age avancé ou on retourne en enfance. 
C'est cela aussi qui fait qu'on ne peut appréhender qu'un côté à la fois d'un phénomène complexe et qu' on a la nécessité de le paramétrer, soit de repérer autant de paramètres observables que possible avant de le mettre en équation en espérant qu'ils seront prépondérants. C'est sans doute aussi le sens du principe d'incertitude d'Heseinberg qui ne s'applique pas à un phénomène complexe conceptuellement mais dont les mesures le sont en raison de l'échelle particulaire.


On ne peut mesurer avec précision qu'une propriété à la fois d'une particule élémentaire, tout se passe comme si l'autre propriété passait dans le fond. on retrouve la un principe de focalisation.Nous sommes ainsi fait qu'on ne peut voir utilement qu'un coté à la fois ( cf.  cécités cognitives, volontaires et involontaire). La science la plus avancée reste une projection humaine et est par consequent un miroir dans l'action de notre constitution, en cela elle rejoint le spirituel, elle est une experience du 'connais toi toi meme et connaitras l'univers et les dieux' ou au moins leur possibilite. 
De même avec la dualité onde corpuscule on en arrive à une aberration, une chose ne peut pas être son contraire, c'est pourtant très efficace, on ne sort pas de l'empirique, nos capacités de représentation et de mesure , même prolongées par des appareils sont inopérantes face à l'infiniment petit si il s'agit de produire de la connaissance absolue, de ce point de vue on ne sort pas de l'empirisme, l'homme reste biologiquement un artisan.
On a aussi l’outil et la culture chez le chimpanzé mais de façon marginale, il lui faut 3 ou 4 ans pour apprendre à casser une noix avec une pierre cela par imitation et expérimentation laborieuse. Sans possibilité d'ancrage verbal qui se traduit sur le plan moteur par " Je trouve une pierre plate et une seconde suffisamment grosse mais pas trop etc .." aucune analogie ne lui est permise avec l'expérience antérieure il est condamné à la méthode globale et à la répétition, l'improvisation lui est interdite.
 On peut penser que faute de pouce opposable son psychisme préétabli, psychisme à l’état de potentiel d’aptitudes, ne lui permet pas l’apprentissage de comportements séquencés « syntaxiques » sauf à la marge. Par contre il peut mémoriser une scène entière en une fraction de seconde, sa mémoire visuelle instantanée est très supérieure à la nôtre. Cela correspond très probablement à sa constitution et à la nécessité de sauter d’arbre en arbre. La pieuvre qui a au fond une constitution manuelle est étonnamment intelligente pour un mollusque, elle vit en couple stable, certain diront que ce n’est pas un critère d’intelligence, et est capable d’ouvrir un bocal.  
Pour en revenir au chimpanzé, il n’a pas le verbe, plus exactement il n’a pas la syntaxe, il exprime ses émotions instantanément par des onomatopées. Sujet verbe complément c’est une stratégie comportementale complexe et inventive. La syntaxe est certainement d’essence divine Hubert Reeves dans « L’univers expliqué à mes petits-enfants » explique que l’univers est construit comme une parole, il constate les propriétés émergeantes des atomes assemblés puis des molécules etc..
H l’hydrogène, O l’oxygène, H2O l’eau .. Étant assemblés à partir d’atomes les corps résultants ont de toutes autres propriétés que les atomes qui les composent, on peut penser que « la matière est verbe de Dieu » ce qui n’empêche en rien qu’il se soit manifesté dans les affaires humaines par inspiration ou incarnation. S’il s’est manifesté, pour être entendu, ce ne peut être que dans une telle forme dans un temps et un lieu donné.   
Tout ceci est ou se veut de la poésie, de la poésie scientifique …  

5/ L’ART - LA POÉSIE

Théoriser est utile mais la poésie est un «  lacher prise » de l’instinct de possession, parfois plus efficient en matière humaine, ce qu’on perd en précision on le gagne en profondeur.

La poésie, quand poésie il y a, fait exception " la forme c'est le fond qui remonte à la surface " disait Victor Hugo, et il évoquait la beauté comme «l'infini contenu dans un contour», il n'y a donc pas de dissociation , l'univers de l'artiste est évoqué dans  son  unité ..
La poésie ne se préoccupe pas de preuve, elle ouvre des perspectives au-delà du matérialisable.

Il y a deux choix, qu’on peut alterner : soit on focalise, on matérialise, soit on contrôle sa peur et sa volonté de puissance, manifestations au fond respectivement de l’instinct vital et de l’élan vital, on ne cherche pas à « prendre la main » sur la situation ( soit faire en sorte que la non préhension ou l'incompréhension momentanée ne débouche pas sur de appréhension ) et on tente alors tant bien que mal de percevoir l’ensemble d’un coup d’un seul, cela nécessairement et à contrario avec tout ce qui fait son être, c’est le rôle de la poésie et de la pratique artistique savante, la poésie est holistique, systémique.
Seul Dieu peut être parfaitement objectif est n’est pas limité par une subjectivité cognitive finie d’espèce ou objectivité relative. Néanmoins nous sommes dotés d’une possibilité de création adapté au monde fini de la matière et non au vivant dont la complexité est infini. Ceux qui ont fait le meilleur usage en acte, de façon incarnée du concept , en ont perçu à la fois la nature ontologiquement utilitaire et les limites. Leonard De Vinci dans «  Pintura e cosa mentale » l’atteste dans la suite d’Aristote , le fait qu’une image à deux dimension donne l’effet du vivant est d’une telle complexité que toute les ressources de la science de la peinture sont nécessaires mais non suffisantes .
La finalité de l’art est la poésie, mais pour ce faire il doit satisfaire autant les sens que l’émotion et le jugement et au final la subjectivité individuelle ; les sens entrent en résonnance avec le principe d’harmonie de l’orchestration des couleurs et des sons ; l’émotion est convoquées (cf. neurones miroirs )  il intervient la subjectivité individuelle mais le fait qu’elle soit touchée n’est pas un critère de l’art c’est un but , l’artiste a trouvé son public , la subjectivité individuelle est touchée malgré elle ,presque inconsciemment , elle participe mais n’est pas la cause de l’état émotionnel elle a un rôle passif , c’est l’œuvre qui déclenche l’émotion ou le sentiment en tant que media autonome .  
Si on réfléchit ce n’est pas de l’art ni de la poésie, l’effet de l’art est immédiat, le jugement est satisfait aussi dans le sens qu’a un niveau suffisant de performance l’esprit critique n’est pas activé et ne fait pas obstacle à l’épanouissement du sentiment, aussi la subjectivité individuelle fait qu’on partage suffisamment de références pour recevoir les émotions spécifiques de l’artiste portées par son œuvre.
Tout ça pour dire qu’avec les cercles de Carcassonne on est loin du compte c’est trop simple pour être de l’art intrinsèquement au moins c’est clair c’est un concept matérialisé une anamorphose énorme et jaune, c’est froid sec et impersonnel, il ne faut pas bien sur amalgamer provocation colère et sentiment.  

6/ LES CERCLES DE CARCASSONE, L’OFFICIALITE

 Si ce n’est pas de l’art intrinsèquement ce ne peut être que de l’art officiel, ce qu’on reproche le plus à un art officiel au fond c’est de nous formater, c’est tellement vexant que le reproche est quasi inconscient, de fait il se donne tellement de mal qu’il finit par y parvenir à l’usure.
Ces cercles ont donné lieu a pétition voici les termes :
«  Une "magnifique" œuvre d'art contemporaine vient d'apparaître sur un magnifique monument historique, chef d'œuvre d'un autre temps, façonné durant des siècles.
Il est très clair pour moi, et, je pense, pour beaucoup d'autres, que ces cercles qui n'ont rien d'artistique (car pour moi, une œuvre d'art doit être travaillée, réfléchie, précise, quelque chose qui sort de l'ordinaire, parfois proche de la perfection) ne font que défigurer la seule et unique œuvre de cette photo.

- Que vont penser les touristes qui viendront voir la cité de Carcassonne pour la première et dernière fois ? Quelle image auront-ils, si ce n'est celle d'un gilet jaune fluorescent (vous savez, ceux qu'on met dans la voiture !)...

- cela ressemble à une cible, en ces temps incertains, avec ce qu'il vient de se passer, comment oser ? Ne serait-ce que par principe, cela doit être supprimé.

- le "centre historique" de Carcassonne est quasi à l'abandon, les bâtiments tombent en ruine, des tags fleurissent, mais repeindre les volets de votre appartement d'une couleur qui ne "correspond" pas, et vous vous faites enfoncer par les bâtiments de France.
Toutefois il semblerait que là, tout soit OK ! Une histoire d'argent ? »
Il n’y a rien à ajouter dans la presse la vox populi qui s’exprime parfaitement ci-dessus n’a pas été relayée autrement que d’un mot « l’œuvre donne lieu à contestation », la rue gronde, il y a de quoi pourtant en l’espèce, l’auteur aurait pu ajouter que va donner la saison touristique ?, tout ça est d’une grande violence, par phénomène d’inversion, la vox populi a surement plus et mieux a dire que la vox officielle qui a pris la décision de cette performance.
Des déprédations ont été commises sans doute à hauteur d’homme, la presse locale s’est empressée de rappeler la loi et les risques encourus et de préciser que des caméras ont été installées, il existe depuis 2016 une loi spécifique pour protéger ces œuvres d’art contemporains, toutes les œuvres certes sauf que pour un tableau figuratif on aurait pas pensé à écrire une loi de plus. Nathalie Heinich elle-même considère que ça va trop loin. Ce qui fait qu’avec ce droit autonome on de beaux conflits de droit ainsi une performeuse qui s’est exposée nue au Louvre a réussi a faire admettre le caractère artistique de son action et a échapper au chef d’exhibition, par contre un autre «  performeur » qui a brulé la porte de la Banque de France à Bastille n’a pas réussi n’a convaincre le juge
Tout ça est très sérieux « l’œuvre » a été restaurée, pourtant pour une chose destinée à être retirée en Septembre, c'est beaucoup de dramatisation.
Des déprédations se sont poursuivies récemment Franc e trois local nous apprend que des médiateurs vont descendre à Carcassone pour expliquer le projet de l’artiste aux gens
Quant au financement l’artiste a qui on a posé la question s’en est tiré par une pirouette « est ce qu’on demande combien coutent les bombes en syrie » , drôle de pirouette à croire que l’idée de la cible exprimée dans la pétition ne lui a pas déplu.

7/ QU’EST CE QUE QUE CA SIGNIFIE ?

Si on garde l’hypothèse d’art officiel quel est le message ?
Ça peut être si on cherche un sujet une interaction passé présent en adoptant le jargon on pourrait dire « l’artiste a voulu mettre en perspective questionner les références historiques du commun au regard de la modernité machiniste dont son œuvre , pur concept géométrique, est dans sa sobriété et l’effacement de toute  intervention personnelle dans son œuvre, démarche volontaire préfigurant la suprématie a venir de la machine sur l’homme, cette tension entre modernité et avant préfigure l’inquiétude etc .. »
Bulshit !!  tout ça on le sait , on le vit,  aucune valeur ajoutée.
Ce qui est certain c’est qu’en raison de sa simplicité et de sa monumentalité la chose force le regardeur a se demande si c’est bien de l’art puisqu’officiellement ça doit en être, la charge de la preuve contraire lui incombe
On est provoqué et contraint de choisir son camps , c’est de l’art ou c’est pas de l’art , la chose par sa simplicité et l’intrusion qu’elle représente induit cette question , elle impose la question, au fond ce ne peut être qu’une prescription à être simple, binaire, c’est très actuel, la nuance est en train de devenir un tabou, il faut être phile ou phobe, le phile est un faux phile et par réaction on est rapidement phobe , on a l’étiquette de  « reac » et le tour est joué on est ostracisé et le phile peut continuer ses petites affaires , c’est le règne de l’affect, avec tout ça on perd l’habitude de faire des phrases, de formuler , autant faire une réforme de la syntaxe pour simplifier, généraliser la méthode d'apprentissage "globale" qui est déjà un non sens dans les termes même de son énoncé , des likes, des expressions faciales et des émoticônes ça suffit amplement..        

samedi 24 février 2018

JEFF KOONS C'EST LE BOUQUET!


JEFF KOONS : C'EST LE BOUQUET !


Jeff Koons a le mérite d’être franc et cohérent, voici ce qu'il disait en 2014, lors de sa grande exposition à Beaubourg :


« Mon travail est contre la critique. Il combat la nécessité d’une fonction critique de l’art et cherche à abolir le jugement, afin que l’on puisse regarder le monde et l’accepter dans sa totalité. Il s’agit de l’accepter pour ce qu’il est. Si l’on fait cela, on efface toute forme de ségrégation et de création de hiérarchies ».
LA DISSONANCE COGNITIVE
A propos du « bouquet de tulipe » de Jeff Koons , certes depuis Duchamps c'est l' artiste qui dit ce qu'on doit voire , simplement le regardeur n'est pas obligé d'être d’accord, si l'artiste dit a propos d'une vessie « ceci est une lanterne » on n'est pas obligé de s'en persuader , ainsi ce "bouquet de tulipe", visuellement , quoiqu'en dise l'artiste, m'évoque un bouquet mou de rectums ,associé à cette sinistre main coupée qui vrille, l'ensemble m’évoque visuellement le thème du « fist fucking », une ambiance organique de ce genre, d'aucun verrons un bouquet joyeux de guimauve, d'autres une sorte de fouet d'autres encore des ballons . En tous les cas, sauf à s'en convaincre, s’hypnotiser, à laisser le vocable " tulipe " investir le sens visuel et modifier ses références ordinaires, sauf à voire ce que l'on croit et ne plus croire ce que l'on voit, force est constater que ça ne ressemble pas spécifiquement à un bouquet de tulipes. Certes chacun a sa subjectivité mais en l'espèces trop peu des caractéristiques de la tulipe sont évoquées fusse de façon synthétique.
Et quand bien même on finissait par y voir quasiment des tulipes il demeurera toujours une ambivalence sur ce que cela représente, une ambiguïté, une dissonance cognitive, phénomène bien étudié en psychologie sociale. Sur le plan psychique rien de tel que le clivage entre deux pôles pour fracturer la cohérence d'une personne ainsi qu'on l'observe dans les cas de harcèlement moral.

Puisque le cerveau a tendance a produire de la cohérence nécessaire à l'action et à la sécurité, puisque l'émotion de peur que l'on peut situer à l'interface du corps et de l'esprit est au fonds l'émanation de l'instinct vital, en cas de clivage persistant ce même cerveau, pour retrouver un semblant de cohérence , réduire la menace en s'adaptant à la situation, il va ajuster sa pensée sur un des pôles le plus menaçant et effacer l'autre progressivement en tout ou partie ( cf. Théorie de l'engagement, syndrome de Stockholm )

 Il y a dissonance aussi en terme symbolique d'une part entre le kitsch de l'objet, sa dimension et l'emplacement choisi et d'autre part sa fonction commémorative.
L'ERREUR D'ATTRIBUTION EMMOTIONELLE
Revenons sur l'affaire du plug anal, l'avantage est qu'il n’y a aucune ambiguïté sur ce dont il s'agit, en soi ce n'est pas une oeuvre, ce n'est d’ailleurs pas non plus un sex toy , ni un sapin de noël puisqu’on était à noël, en soi c'est très précisément un accessoire qui prépare la sodomie.
Ainsi certaines " œuvres " monumentales n'existent que par les remous psychologiques qu'elles provoquent. Le plug a été placé là ou des gens seront heurtés dans leur sensibilité soit place VENDÖME , non dans le Marais ou cela aurait pu être perçu comme ludique, le principe s' s'appelle l' erreur d’attribution émotionnelle ,principe bien connu en psychologie sociale, c'est à dire que ça doit être absolument là ou ça choque , ainsi les gens disent et pensent " ça dérange donc c'est de l’art ", ça a donc besoin d’un contexte, l' émotion ne résulte pas de "l'œuvre " mais de la provocation et on l'attribue à tort à l'œuvre cette émotion, on associe à tort les deux , ainsi sans s'en rendre compte on lui concède peu ou prou le statut d'œuvre d'art , c’est très pervers .C'est a dire que le plug en soi dans un autre contexte n' exprime rien , c'est juste un plug , donc ce n'est pas de l’art, le propre minimal d'une œuvre d'art est de se suffire visuellement à elle même. On a donc des " artistes " subventionnés qui sont payés avec nos impôts pour nous " violer la tête «.
Revenons également sur le " domesticator " qui aurait pu s'intituler plus justement " enculator ", dans la tradition de l'approximation sémantique de Duchamps : pissotière ou ready -made ? Le « domesticator »   donc fut déplacé des Tuileries à Beaubourg , au grand dam de l'artiste, on se demande pourquoi. Placé dans son contexte naturel « moderne », n'ayant pour le moins aucune des qualités propres à un objet d'art monumental, devant Beaubourg il passa totalement inaperçu et ne provoqua pas de tollé à l'exception de l'indignation de la SPA.
Le propre attendu d'une œuvre d’art, ad minima, est de se suffire visuellement à elle-même pour porter son message quel qu’il soit, d'attirer l'attention et de transporter les émotions de l'artiste en tant que média autonome sans qu'il soit besoin par principe d’un «médiateur». A cet égard précisons que le médiateur explique le projet de l'artiste dit contemporain, c'est une grande et toute nouvelle institution dans l'histoire de l’humanité. Tout se passe en fait comme si le territoire du verbe débordait sur celui du sens visuel.
A ce propos l'art autoproclamé contemporain, ce n'est rien d'autre que la prise de pouvoir territoriale de l’intellectuel sur l’art, celui-ci se pare de l'aura de l'art. Ce dernier, qu’il soit figuratif ou abstrait, devient volontairement et visuellement sans message ni émotion. Le froid est la marque de fabrique de l’art autoproclamé contemporain tout genre confondu. Visuellement insignifiant, il cède la place au médiateur et donc à l'intellectuel, celui-ci se rend ainsi indispensable et doit verbalement compenser l'indigence visuelle de l’œuvre qui ne se suffit plus à elle-même. Telle est bien la doxa enseignée partout : pas d'émotion, surtout pas d'émotion ! Comme le dit Jean Clair, l’artiste officiel a abdiqué sa responsabilité et son pouvoir, c'est une histoire de pouvoir, une industrie de l’art a pris sa place.
CONCLUSION
Confucius disait « quand les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté ». Ainsi Il est temps que les objets retrouve leur fonction , au fonds la pensée scientifique nous apprend que de toutes les théories possible appliquées à un objet seule doit être retenue celle qui est efficiente , un plug ce n’est pas un sapin ni un sex toy, c’est précisément un accessoire nécessaire a la sodomie , de la même façon si on remonte dans le temps à l'origine à Duchamps, dont se réclame Jeff Koons , une cuvette ce n'est pas non plus un ready-made, ni une cuvette, si on met le juste nom sur la chose et qu'on la ramène à sa fonction à et son utilité, ce qui est le plus important, c'est une pissotière. Tout le reste toute autre spéculation n'est que l'émanation du plaisir morbide - non de l'exercice de l'intelligence et du discernement - mais de sa pâle copie :" l'intellectualisme". Enfin il est à noter que toute l'ambivalence résulte là aussi du contexte, soit du fait que la pissotière  soit officialisée par sa présence au musée.
Ainsi insidieusement il a été instauré le totalitarisme de la pensée, une partie qui devient le tout, le geste d'exposer une pissotière devenu art officiel donc exemplaire contient en germe la négation de l'autonomie du sens visuel et de l’émotion comme vecteur possible de connaissance : Je vois et je crois ce qu'on me dit et ce que je vois ne compte plus. C'est symbolique ou psychosociologique que cette pissotière soit devenue une icône d'une certaine gauche sociétale embourgeoisée et du marché mondialisé.

Une pissotière est ainsi devenue monument de l'art officiel , un symbole exemplaire et impératif de l’intellectualisme, sanctifié par l'autorité, par une abondante littérature et par sa présence au musée .Elle est  icône devenue en tant que telle fortement prescriptrice en terme d'intégration sociale, portant l'injonction au chic distancié sociétal .
C'est symbolique ou psychosociologique que cette pissotière soit devenue une icône d'une certaine gauche sociétale embourgeoisée et du marché mondialisé.
Pour ne pas être taxé de « complotiste » on se bornera à constater une belle série dans l’art contemporain monumental : plug, vagin, domesticator, il semble bien que la force de cette subversion et de la subversion en général soit de paraître anodine de se cacher sous divers masques celui de la libération, de l’humour, du questionnement et même de l'autocritique partielle. Au final tout se passe comme si le but était de nous faire renoncer à nous même par touches successives, chacun jugera ,   « le diable se cache dans les détails » .
Ainsi pourra t'on peut être un jour remercier Jeff Koons de nous avoir libéré et déconditionné de l'emprise délétère de la pensée de Duchamps en la poussant jusqu'au bout de façon finalement assez naturelle et décomplexée.
Patrick Burandelo  



«Quand les idées ne sont pas vraies, les mots ne sont pas justes ; si les mots ne sont pas justes, les œuvres n’ont pas lieu ; si les œuvres n’ont pas lieu, la morale et l’art ne vont pas bien ; si la morale et l’art ne vont pas bien, la justice ne s’applique pas bien ; si la justice ne s’applique pas bien, la nation ne sait pas où elle doit poser son pied ni sa main. Donc, ne tolère pas qu’il y ait du désordre dans les mots, tout en dépend. »    confucius