lundi 19 décembre 2022

LA BEAUTE SAUVERA LE MONDE



 1/3 Introduction 


Mode et modèle ont la même racine , considérer une chose par la médiation d'un modèle est la considérer en préservant son unité ( en termes actuels scientifiques, c'est la considérer en tant que boite noire ). C'est aussi la considérer du point de vue de l'efficience , sous l'angle empirique de l'action sur l'objet .La démarche du modélisateur présuppose  un penchant pour le réalisme en ce que naturellement il identifie vérité de l'objet , certes relative, et action efficace sur celui- ci . 

Résultat qui est le signe d'une compréhension intime mais non absolue de l'objet observé . Il est bien accepté  dès l'origine qu'un modèle n'est pas la vérité absolue de l'objet inatteignable par essence . Il est une simplification dont la légitimité procède de sa pertinence traduite en acte .

La complexité de l'objet pris en tant que tel dans son unité fonctionnelle excède en général les possibilités cognitives, intellectuelles, et mémorielles ( du point de vue des connaissances établies et mises en œuvre ) de l'homme .Le propre des paramètres observables est  d'être indépendants par essence les uns des autres , il le faut pour pouvoir les mettre en équation.

 Ils interagissent au sein de la structure étudiée mais gardent leur autonomie intrinsèque et au regard des possibilités cognitives et expérimentales de l'observateur. Il  en est ainsi de pression, température, volume pour un réacteur chimique. A titre d'exemple, pour investiguer  le phénomène complexe de la couleur, on dispose des couleurs primaires dont l'œil est équipé de cellules correspondant à ces trois fréquences dans la gamme du visible, la perception des couleurs et des nuances reste opaque .Mais au moins on connait ces paramètres.

 Si on considère le phénomène comme une boîte noire qui a sa propre unité, dans ce cas , sur le plan épistémologique, la notion de paramètre indépendant s'identifie avec celle de mode. Ainsi nous posons que les trois modes de l'être sont le vrai, le bon l'harmonieux. 

Le vrai en ce que tout étant a son ordre interne, statique pour le minéral , dynamique pour le vivant et pour le cosmos organisé par le champ de gravité et le mouvement des astres. Le vrai est de l'ordre de l'information, de l'intelligible et de l'apollinien .Ce   premier concept se recoupe avec les causes formelles et matérielles d'Aristote , tout étant contient une intelligence .On peut citer l'ADN à titre d'exemple .

Le bon est le principe vital qui fait que tout étant se perpétue en sa forme ou évolue au lieu de se décomposer. Le bon est de l'ordre de l'énergie. Soit dit en termes humains, de l'émotion, de l'instinct  et du dionysiaque, du vouloir vivre . Bonne aussi est  l'énergie du lien qui maintient au niveau atomique chaque chose dans sa forme et aussi c'est un cadeau qu'il y ait quelque chose plutôt que rien .Ce   second concept se recoupe avec la cause motrice d'Aristote .

On identifie ainsi dans l'empirisme les essences de Platon et les causes d'Aristote On peut tenir pour paramètres indépendants l'énergie et l'information qui se rencontrent est sont indissociablement et harmonieusement insérés au sein de la matière .L'incarnation est ici considérée empriquement dans son unité volontairement préservée , option intellectuelle ou l'on s'abstient un instant de séparer l'esprit et la matière .A cet égard la fameuse équation E = MC2 crée un lien indissoluble entre énergie , connaissance en tant que lumière et matière .

L'harmonie correspond à la cause finale d'Aristote, elle est son observation la plus subtile et mystérieuse. De fait l'explication de la vie nous échappe , le passage du connu de la matière et de la forme à l'infinie complexité du vivant excède nos possibilités de connaissance humaine .De fait  la vérité en tant que cause finale est immanente . Même contrariée et présente négativement " en creux"  , elle est au début et à la fin de tout processus , elle est hors du temps. 

Si la cause finale nous échappe, par contre , il est à noter que le cerveau est lui aussi triplement équipé : rationalité , émotion et sens , sens pris en tant que traitement de l'information, mise en forme harmonieuse. On peut y voir, à nouveau, dans cette trilogie cognitive  et cérébrale, les trois modes de l'être version " espèce humaine '. 

Le vrai, le bon et l'harmonieux correspondent à trois formes d'intelligence ( rationnelle émotionnelle, les sens soit le cognitif pur pré- verbal) , trois modes de fonctionnement cérébral intrinsèquement autonomes. Possiblement et par essence indépendants les uns des autres  mais qui interagissent le plus souvent . A titre d'exemple , le bien en tant que morale est une interaction du vrai et du bon , le sentiment également . L'intuition met en jeu ensemble le rationnel, l’émotionnel, les sens en tant  que fait cognitif en soi que l'on cultive et expérimente dans la mimésis à titre d'exemple. L'intuition n'est jamais totalement déconnectée de la perception.

Husserl  cherchait à la suite de Descarte un fondement général des sciences , une  "évidence apodictique" , à mon sens il s'agit du fait qu'on ne sort jamais de l'empirisme sans le savoir.  

C'est ce que nous enseigne la corrélation noético-noématique, autrement dit  l'étude du rapport sujet objet dans lequel l'objet est aussi envisagé comme miroir des possibilités et des modes de connaitre du sujet .En effet, si on suit Coppens, la possibilité du concept est apparue avec la transformation du corps , le cerveau est et reste à son service. Autrement dit du point de vue du cerveau considéré en tant qu'organe moteur, il est au service de la main qui doit être prolongé d'un outil ou d'une arme pour la survie . De ce point de vue vital nous sommes des singes dégénérés qui ne se suffisent pas à eux même au sein de la nature. 

En contrepartie est apparue la possibilité du concept, en bref biologiquement nous sommes des artisans. Si on focalise un instant sur l'utilitarisme nécessaire propre à notre espèce on peut s'en convaincre et partant de la de l'importance de l'expérience esthétique comme mode de connaissance holistique , ce qu'on y perd en efficacité on le gagne en profondeur et en finesse .

Au fond corréler par le nécessité vitale la pensée conceptuelle et le corps déspécialisé au regard de la survie fait de l'incarnation le lieu ou se rencontrent et fusionnent objet et sujet. L'incarnation peut être  prise en tant que tellle dans sa totalité sans dualité du corps et de la pensée intimement liés par la nécessité. Dés lors qu'on réalise que, faute d'un corps spécialisé doublé de forts déterminismes ou instincts, donner du sens à chaque chose ainsi que la faculté de concevoir des outils sont des tropismes biologiques l'incarnation devient un concept précis et non plus un vague état de fait.

L'objet humain appartenant au monde en tant qu'il est traversé par la nécessité au coeur de  l'exercice de la pensée  qui est censée lui appartenir en propre. L'objet humain vu sous cet angle, alterne avec le sujet humain conscient de ses caratéristiques d'espece . La conscience, que la science ne sait pas localiser dans le corps,  est un autre sujet qui pourrait bien procéder de cette non dualité .

L'incarnation en tant que telle devient concept à coté et sur un plan d'égalité avec ceux de corps et d'esprit , non seulement un état de fait empirique ,  quand on ne peut plus séparerer le corps et la pensée mariés indissolublement par la nécessité .Ainsi de ce point vue du rapport nécessaire entre  pensée et corps on s'abstrait un instant du dualisme sujet objet .

La dualité onde corpuscule, à titre d'exemple, donne à la lumière deux  natures différentes selon le type d'expérience. Chacune des théories est efficace dans son champ d'expérience mais rien ne se dégage en termes de connaissance de cette contradiction absolue sinon la primauté surplombante de l'empirisme .

Ce qui nous est possible à défaut de connaissance absolue en alternative à celle ci  c'est la contemplation et l'expérience du beau en  tant qu'expérience orchestrée et unifiée des sens, du concept et de l'émotion, autrement dit de la  totalité du cerveau au contact de la nature.C'est prendre sa place dans le cosmos en utilisant ces outils issus de lui et signes de notre appartenance au dit cosmos .C'est ce que j'ai tenté d'exprimer sous forme poétique .


2/3 " L'incarnation " première version  plus philosophique 


1/11

L'huile est le beau et l'eau  la nécessité,

Ananké, les forces qui commandent même aux Dieux.

Quand la fleur s'ouvre au temps radieux.

En tout temps et en tout lieu.

Elle est à l'œuvre quand l'eau chasse l'huile .

Mais l'eau ne donne pas la félicité.

2/11

Reste le beau en suprême onction .

Quand l'eau reste à sa fonction.

La forme accomplie porte le sens.

Tel l'enfant et la rose innocente.

Elle seule enchante les sens ,

qui amènent notre monde propre à la conscience.

3/11

La nature est l’esprit visible, 

l’esprit la nature invisible.

Ainsi  le sens découvre sa forme.

Comme l'eau la cavité qui la borne.

4/11

Ratio et necessitas convertuntur,

la préhension et l'appréhension   

nécessitent la compréhension,

d'une espèce sans spécialisation,

c'est là toute l'aventure.

Le savoir n'est pas seulement possession,

lacher prise et du lest pour l'élévation,

être ou exister, telle est la question .

5/11

La pensée est matière,

à l'image du  double mot matière.

Le plus souvent elle est science sans or,

juste outil nécessaire à notre faible forme de corps.

C'est pourquoi le silence est d'or.

6/11

Pour s'écouler l'énergie de vie désire son verbe choisi,

Comme le fleuve, son lit, ses berges fleuries.

L'égo est un mot chargé de valeur et d'envie.

Il en oublie souvent sa source infinie.

7/11

L'un, indissociablement vrai bon et harmonieux, est nécessaire à l'être. 

Tout comme l'être l'est à l'un, autre nom de Dieu,

l'un pur et seul n'est rien, tel le coeur sans corps ni mains.

La matière est le verbe d'amour de Dieu,

et le concept une étincelle divine adaptée à notre main.

8/11

Notre nature est d'acquérir une culture d'artisan laborieux.

La main dans la tête saisit, conçoit,synthétise, discernent les yeux.

Le trine discernement sépare monde et chaos, fond et forme.

Autre nom de l’entendement, il est un don des cieux.

9/11

Le cerveau  organe est au service du corps en majesté, 

à tout étant il donne le triple sens , jamais futile,

le concept le meut dans le bon sens, lui est utile.

La beauté n'est pas un concept c'est sa beauté,

quand les sens , le coeur et l'idée sont en cohérence, 

elle apparaît à la conscience subtile.

10/11

Autrement que son alter ego le concept encensé,

dans le silence de l'ego déconcerté, la beauté fait sens.

En toute chose, il nous faut trouver la beauté après l'essence .

Volonté et verbe mariés ensemble dans le sensible engendrent conscience .

11/11

Le vrai est matière et forme , le bon  moteur invincible, l'harmonie  finale ....

De toute création, par trois modes du sens indivisible, voilà l'arôme ancestral .

L'eau s'écoule, de la source invisible, le beau est symptôme initial .

De tout amas d'atomes, l'en soi indicible est sa juste idée banale .

le beau symbole , objet sensible, est sujet en nous tel un cheval .

Le beau est irreductible à ses modes, être présent,  imprévisible un et total .

Image visible en tout étant de l'être invisible et primordial .

.

3/3 " L'incarnation " seconde version plus poétique 


 1/6

La nature est l’esprit visible, 

l’esprit la nature  invisible.

La matière est le verbe d’amour du divin.

Le  concept, étincelle divine adaptée à notre main.

2/6

Notre essence, être artisan laborieux.

La main dans la tête saisit, conçoit, synthétise.

Vrai bon et harmonie orchestrés, le beau actualise, 

le trine discernement  sépare monde et chaos, 

comme l'huile se sépare de l'eau,

triple sens indissociable, sépare fond et forme promise, 

hors du temps, discernent les yeux.

Autre nom de l’entendement, discernement est un don des cieux.

3/6

Espèce manuelle sans spécialisation,  appréhension, 

préhension nécessitent sens et compréhension.  

La vérité n'est pas  possession,

lâcher prise et du lest pour l'élévation,

le silence précède le son,

être ou exister, telle est la question.

4/6

La forme accomplie de l'artiste porte le sens.

Tel l'enfant et la rose innocente.

Quand la fleur s'ouvre au temps radieux.

En tout temps et en tout lieu.

Elle seule enchante les sens,

amène notre monde propre à la conscience.

Ananké, les forces de la nécessité  font loi même aux dieux,

vérité, bonté et harmonie ensemble commandent aux cieux.

Ensemble elles engendrent beau et juste aux deux sens.

Le concept est matière, à l'image du double mot matière,

la beauté tout comme la vie est entière.

5/6

La beauté n'est pas un concept c'est sa beauté,

quand les sens, le coeur et l'idée sont en cohérence,

elle apparaît à la conscience subtile.

Volonté et verbe mariés ensemble dans le sensible engendrent conscience.

Pour s'écouler l'énergie de vie désire son verbe choisi,

comme le fleuve, son lit, ses berges fleuries.

L'égo est un mot chargé de valeur et d'envie.

Il en oublie souvent sa source infinie.

6/6

Autrement que son alter ego le concept encensé,

dans le silence de l'ego déconcerté, la beauté fait sens.

En toute chose, il nous faut trouver la beauté après l'essence.

Le vrai est matière et forme, le bon moteur invincible, l'harmonie finale.

De toute création, par trois modes du sens indivisible, voilà l'arôme ancestral.

L'eau s'écoule, de la source invisible, le beau est symptôme initial.

De tout amas d'atomes, l'en soi indicible est sa juste idée banale.

Le beau symbole, objet sensible, est sujet en nous tel un cheval.

Le beau est irréductible à ses modes, être présent imprévisible un et total,

image visible en tout étant de l'être invisible primordial.


 






samedi 8 octobre 2022

PHILO ( Phénoménologie de Husserl, essai de fondation de "l'anatomisme" et de la "subjectivité générale d'espèce" )

   PHILO (Phénoménologie  de Husserl,   essai de fondation de "l'anatomisme" et  de "la subjectivité générale d'espèce"  L'ANATOMISME pour une pré-anthropologie aculturelle ou anhumaine des facultés nécessaires de l'espece humaine )

Yves Coppens, paléontologue et professeur au Collège de France, disait :

“Ce qui définit les préhumains, c’est le redressement du corps et la bipédie qui l’accompagne .La complication de son cerveau fait surgir ce stade nouveau de réflexion que l’on appelle conscience. L’Homme invente alors la culture : toutes les facettes intellectuelles, techniques (il taille désormais délibérément la pierre ; il en change donc la forme de manière volontaire pour son profit), esthétiques, éthiques, morales, spirituelles. On dit parfois « plus, c’est quelquefois différent ». Ici, c’est le cas – un petit peu plus de complication cérébrale produit un autre état, une matière pensante."

 

 Au fond la res extensa est bien plus l'esprit que le corps ,le corps pris ( "pris" , toujours la main associée à l'esprit ) en tant que corps vivant et non simple matiére , il se heurte a toutes sortes de limites et de necessités tandis que l'esprit peut se projeter à l'infini dans le temps et l'espace par l'imagination, la projection et l'anticipation. 

On peut inverser la proposition de Descartes , j'ai un corps donc je suis , la source de tous les determinismes est le corps. Pour traiter de l'ambiguité de l'emprique et du transcendental chez l'homme on peut tenter de le considerer un instant de l'extérieur en objet , un instant d'époché ( suspension du jugement en phénoménologie cf.Husserl ) est requis car cette représentation va à rebours de toute la culture occidentale . Autrement dit il s'agit de le considerer dans une réduction inédite à la biologie ( focal sans à priori qui est priori la condition d'une éventuelle théorisation inédite et unifiante cf.Husserl ) , en bref comme un sorte d'animal , 

Du point de vue biologique le cerveau est au service du corps et non l'inverse  et tout prend sens dans la perspective de la survie. Il suffit de poser que la pensée conceptualisante en tant que faculté, associée à celle nécessaire de l'apprentissage, est le pendant cérébral de la main ,impuissante au regard de la survie, si elle n'est pas prolongée d'un outil ou d'une arme. Du point de vue de la biologie l'homme à l'origine au sein de la nature est un artisan.

Dans cette perspective la préhension nécessite la compréhension à cet égard voire l'intelligence  remarquable du poulpe et de l'éléphant. Il se peut aussi que le langage soit l'image de notre motricité , non seulement la micromotricité de la main ,celle qu'en tant qu'artisan ou chasseur  nous  devons choisir  librement à titre de spécialité éxistencielle , mais plus généralement de toute forme de motricité ou de mouvement. Au fond qu'est ce une phrase sinon une séquence motrice librement choisie et conçue ? La préposition cum de comprendre vise le verbe , litteralement on prend avec le verbe, on prend la chose avec le nom de la chose . Le verbe médiatise le monde à l'image de notre main dotée d'un pouce opposable qui fait d'elle une sorte de pince. En ce sens" Toute conscience est conscience de quelque chose " ainsi que le remarquait Husserl en tant qu'intuition fondatrice de sa philosophie , toute conscience est prise d'un objet par " la main dans la tête "  par le biais de son concept.  Le langage vu sous l'angle reflexif  comporte deux mots éssentiels à cet égard "concevoir" et "saisir" , ils impliquent symétriquement la main et le cerveau .On peut, si on veut, généraliser au mot "discernement" en rapport avec la vision et la nécessité vitale humaine de pouvoir distinguer un objet d'un fond indéterminé pour en faire un outil .  C'est là sans doute le sens profond de l' "intentionnalité " de Husserl.Il ne s'agit pas ici d'une réification de la conscience car si on admet qu'elle sert le corps , le corps étant un donné, la conscience, en tant que principe et phénomène, est aussi un donné dans sa possibilité même en tant que faculté. Donc par transitivité, tout comme le corps procède de la nature, elle procède logiquement  d'une conscience plus vaste dont on ne peut rien dire en pure philosophie, sauf que l'homme en est témoin dans une version adaptée à sa forme particulière d'être comme il est dit plus haut. Il en est témoin simplement du fait que "il est là" ( dasein) et la conscience aussi indissociablement.   


Ainsi si on considere l'anatomie humaine non spécialisée pour remonter au cerveau , à la pensée conceptualisante en particulier on peut trouver que cette faculté est dans un rapport de nécéssité avec le corps non spécialisé, un instant d'époché et d'humilité est requis pour envisager cela ,car depuis des siecle on s'enorgueilli de notre forme de pensée mais au fond elle compense la faiblesse du corps.

Dans cette reduction au fait biologique et cette perspective le transcendental est l'emprique de l'espece humaine . Le plus qu'on puisse faire ce sont des corrélations et des modèles efficients mais non absolus. On retrouve egalement la nécessité dans le theme du sens.

En derniere analyse .en correlant de cette façon le corps et l'esprit, on peut identifier la conscience et la nature , le sujet et l'objet dans la suite du philosophe Schelling qui écrivait, en alternative à Kant :

„La nature est l’esprit visible, l’esprit la nature invisible “ 

 "La nature doit être l'esprit visible, l'esprit la nature invisible. C'est donc ici, dans l'identité absolue de l'esprit en nous et de la nature hors de nous, que le problème de la possibilité d'une nature hors de nous doit se résoudre" 

"L’alpha et l’oméga de toute philosophie est la liberté.“

— Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling.

Quant aux sens , ils secontentent d'amener l'information sur le monde au cerveau, ce sont eux qui dans leur forme specifiquement humaine, en tant que subjectivité générale d'espèce, façonnent le monde propre de l'homme ( cf. le concept d'UMWELT de Jakob von Uexküll ).Notre corps est si peu spécialisé qu'il nous faut donner du sens à cheque situation pour s'y adapter ,à  contrario  un felin qui a tout en lui vis à vis de la survie perçoit son monde propre de façon immédiate  en termes de proie et de chasse . Il se peut que la conscience conceptualisante soit à l'homme ce que l'instinct est à l'animal.A cet égard le mot "sens" désigne ( désigner est aussi un mot qui indique une corrélation au sens de Husserl entre main et cerveau ) ou vise tout autant les sens , la signification, que la direction, autrement dit le mouvement et le projet.

Enfin les questions de l'art et du sens posent la question suivante : jusqu'où entre la nature dans le sujet ? Commence t'elle simplement au-delà de ses sens et face à eux ? Le sujet n'est il pas en entier dans la nature, n'est il pas un objet qui s'ignore y compris en tant qu' objet conscient. Concernant l'art, les transcendantaux du corpus  formé par  le vrai, le bon et l'harmonieux pris ensemble indissociablement en systeme, qui en ce sens synthétique modèlisent l'art et le beau, nous appartiennent t-ils en propre ?

Sont ils des a priori de la connaissance consistants en tant que présents au sein de tout ce qui est , sauf à les considérer dans le rapport de la morale, ne sont t'ils pas des modalités de toute existence en tant qu'existence ? Ce qu'on attend de l'art et de la poésie est qu'ils nous déroutent et portent, via la forme accomplie, le sens de façon  au sens strict extra-ordinaire . Au fond on en attend un instant d'époché au sens de Husserl, autrement dit un instant de silence de la pensée, de pure présence.

  • "Quiconque veut vraiment devenir philosophe devra une fois dans sa vie se replier sur soi-même."disait Husserl.

En conclusion : 

Ce que je pense profondément c'est qu'entre le transcendantal et l'empirique il n'y a pas de différence de nature mais une différence de degré sur l'axe de la complexité .Il suffit de regarder en face la dualité onde corpuscule , la polémique Einstein Bohr entre mécanique relativiste et approche statistique , bref en science une chose peut être son contraire . Du point de vue de la connaissance il n'y a pas d'absolu ni même un semblant d'unité . Par contre du point de vue utilitaire chaque discipline reste efficace dans son domaine d'application dont elle est issue , typiquement on ne sort pas de la superstructure de l'empirisme .
        Il se peut que la cause premIère ou raison d'être de ce paradoxe apparent soit le fait que le cerveau est à l'image du corps et à son service fondamentalement, et par conséquent constamment en train d'élaborer un geste de la main " dans la tête " . d'où l'intuition de l'importance de ce fameux "lacher prise".
       Au fond, l'évidence apodictique recherchée par Husserl aprés Descartes pour un fondement des sciences, s'identifie à la nécessité ( ANANKE,  déifiée chez les Grecs , originellement ce qui commande même aux dieux . Ce qui ne peut pas ne pas être ou ce qui ne peut pas être autrement qu’il n’est. ) En ce sens la proposition " le cerveau est au service du corps et non l'inverse, dans cette perspective, la préhension nécessite la compréhension" constitue un axiome .

commentaires supplémentaires :



*cher MG , j'ai dit le cerveau ( précisement le cerveau en tant qu'organe ) au service du corps dans l'autre sens ça marche aussi , mais c'est archi dejà vu, la on inverse la perspective un instant,
il faut partir du corps, autrement dit humblement ( "l'humilité est la voie " citation de William Clapier ) de très bas pour voir le sommet , en tout cas moi j'intuite mieux la question de l'incarnation de cette façon.
*MG je ne voulais pas faire de théologie dans ce texte mais dans un autre j'avais proposé :
"la matière est le verbe de dieu et la pensée créatrice est une étincelle divine adaptée à la forme humaine", j'aime assez ça réconcilie l'immanence et la transcendance .( le mot clef c'est "forme" si je peux me permettre une indication )." La pensée est matière " disait Krishnamurti, en la distinguant de l'esprit , autrement dit elle est réifiante par nature, c'est sans doute tout simplement sa fonction .

*. C'est logique, mais la possibilité même de la logique , du transcendental s'explique peut être par la généralisation des besoins de notre motricité non spécialisée ( toujours la necessité in finé). Un enchainement logique efficace n'est il pas par essence un enchainement moteur orchestré efficacement a priori en vue de  son accomplissement ? 



,

                                                                     
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burandelo

 Le cerveau  organe est au service du corps en majesté, 

le concept le meut dans le bon sens, lui est utile. 



La beauté n'est pas un concept c'est sa beauté,







1/11
L'huile est le beau et l'eau  la nécessité,
Ananké, les forces qui commandent même aux Dieux.
Quand la fleur s'ouvre au temps radieux.
En tout temps et en tout lieu.
Elle est à l'œuvre quand l'eau chasse l'huile .
Mais l'eau ne donne pas la félicité.

2/11
Reste le beau en suprême onction .
Quand l'eau reste à sa fonction.
La forme accomplie porte le sens.
Tel l'enfant et la rose innocente.
Elle seule enchante les sens ,
qui amènent notre monde propre à la conscience.

3/11
La nature est l’esprit visible, 
l’esprit la nature invisible.
Ainsi  le sens découvre sa forme.
Comme l'eau la cavité qui la borne.

4/11
Ratio et necessitas convertuntur,
la préhension et l'appréhension   
nécessitent la compréhension,
d'une espèce sans spécialisation,
c'est là toute l'aventure.
Le savoir n'est pas seulement possession,
lacher prise et du lest pour l'élévation,
être ou exister telle est la question.

5/11
La pensée est matière,
à l'image du  double mot matière.
Le plus souvent elle est science sans or,
juste outil nécessaire à notre faible forme de corps.
C'est pourquoi le silence est d'or.

6/11
Pour s'écouler l'énergie de vie désire son verbe choisi,
Comme le fleuve, son lit, ses berges fleuries.
L'égo est un mot chargé de valeur et d'envie.
Il en oublie souvent sa source infinie.

7/11
L'un, indissociablement vrai bon et harmonieux, est nécessaire à l'être. 
Tout comme l'être l'est à l'un, autre nom de Dieu,
l'un pur et seul n'est rien, tel le coeur sans corps ni mains.
La matière est le verbe d'amour de Dieu,
et le concept une étincelle divine adaptée à notre main.

8/11
Notre nature est d'acquérir une culture d'artisan laborieux.
La main dans la tête saisit, conçoit, synthétise, discernent les yeux.
Le trine discernement sépare monde et chaos, fond et forme.
Autre nom de l’entendement, il est un don des cieux.

9/11
Le cerveau  organe est au service du corps en majesté, 
à tout étant il donne le triple sens , jamais futile,
le concept le meut dans le bon sens, lui est utile. 
La beauté n'est pas un concept c'est sa beauté,
quand les sens , le coeur et l'idée sont en coherence, 
elle apparaît à la conscience subtile.

10/11
Autrement que son alter ego le concept encensé,
dans le silence de l'ego déconcerté, la beauté fait sens.
En toute chose, il nous faut trouver la beauté après l'essence .
Volonté et verbe mariés ensemble dans le sensible engendrent conscience .

11/11
Le vrai est matière et forme , le bon  moteur invincible, l'harmonie  finale ....
De toute création, par trois modes du sens indivisible, voilà l'arôme ancestral .
L'eau s'écoule , de la source invisible, le beau est symptôme initial.
De tout amas d'atomes, l'en soi indicible est sa juste idée banale .
Le beau symbole , objet sensible, est sujet en nous tel un cheval .
Le beau est irreductible à ses modes, être présent, indivisible un et total .
Image visible en tout étant de l'être invisible et primordial .



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1/2 un retour critique :

Patrick Burandelo Je ne vous cacherai pas tout d'abord mon admiration pour vos poèmes. J'ai envie de dire : "bravo !". Par ailleurs, je ne vois pas comment l'on ne pourrait pas partager votre profonde analyse de la beauté. Elle n'est ni un fait social ni une opinion qui dépendrait de l'avis du seul individu. C'est seulement sur votre point n° 2 que je serais plus réservé même s'il peut s'autoriser d'un très grand philosophe, à savoir Bergson. Ce dernier vous donnerait entièrement raison : on peut trouver un ancrage des concepts et, par delà, du langage, dans la pratique et plus exactement la technique. Ils permettent de mettre de l'ordre, d'organiser le réel et ainsi d'agir. Ils sont, comme vous dites je crois comme une "main intérieure". Du coup, il y a solution de continuité entre la nécessité pour l'homme de s'adapter afin de vivre et l'intellect d'une part et entre l'intellect et le cerveau d'autre part, ce dernier n'étant jamais qu'une partie du corps. Il reste que l'on peut considérer les concepts tout autrement et, même oserais-je dire, qu'on le doit. Certes, l'étymologie pourrait aller dans le sens que vous indiquez : "capere" (prendre, capturer, saisir) et même l'allemand (begreifen) indiquent bien comme un acte mais s'agit-il réellement d'un acte technique ? Ce qui est saisi avec un concept, c'est un certain sens, une certaine idée au sens général, toutes "choses" qui présentent un intérêt par elles-mêmes indépendamment d'une action possible. Husserl, que vous connaissez visiblement bien, n'emprunte pas la voie bergsonienne tant la réduction, par exemple "eidétique" - terme significativement platonicien - qui résulte de la suspension (époché) de la thèse du monde (et là la filiation avec Descartes est transparente, elle est même revendiquée), met en évidence une sphère de pensée qui n'appartient pas au domaine de la nature. Elle ne peut être expliquée à partir de l'adaptation. Certes, même en cette acception, la beauté ne peut être expliquée à partir du seul concept ou de l'intelligence mais on pourrait vous opposer qu'elle ne relève pas non plus de la seule sensibilité même si votre conclusion est tout à fait cohérente par rapport à votre point de départ (en effet, si le concept est moyen d'action, il est sans rapport avec la beauté ou la beauté est sans rapport avec l'intelligence). Il me semble qu'un philosophe comme Kant qui a tant analysé la notion de beauté pourrait être plus éclairant : elle n'est ni purement intellectuelle (en ce cas, elle relèverait de la science) ni purement sensible (en ce cas comment faire la différence entre elle et ce qui est simplement agréable ?) ; elle correspond au libre accord entre l'entendement (l'intelligence) et la sensibilité, c'est leur libre jeu qui s'entretient lui-même qui provoque ce plaisir bien singulier qui ne peut être confondu avec l'appréciation intellectuelle d'un géomètre ni l'agréable goûté par les seuls sens. C'est à ce point de vue que le beau a bien un sens spirituel, tout en étant inséparable des sens

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2/2 un commentaire 

L'expérience du beau est par delà la nécessité, l'agréable et le contingence .
Kant parle ainsi du sublime qu'il distingue de l'agréable ( saur erreur ) .
Elle est pour l'homme l'expérience de l'unité de son être.
Cela advient quand sens, raison et cœur sont en cohérence ce que l'on peut désigner respectivement par harmonie vérité et bonté.
Ainsi c'est pour l'homme l'expérience de l'être et, au-delà de lui , de l'ordre du monde en soi et de son unité auquel il participe par la médiation de la beauté.
Tout étant est vrai en tant qu'il est régi par une essence ( cause motrice et matérielle exemple ADN ) , bon car c'est un donné ,
harmonieux sans quoi il se décomposerait ( cf. Parménide l'être est et le non être n'est pas, cf aussi les causes formelles et finales d'Aristote )
Plus abstraitement :
Le vrai et le bon et l'harmonieux sont des modes de l'être et sont propres à l'homme en tant que microcosme ( cf. les trois cerveaux, sens emotion raison ) et à tout étant en dernière analyse et ainsi nous replacent dans le monde via l'expérience du beau.



mercredi 8 juin 2022

THEORIE DE LA BEAUTE

 Théorie de la beauté


1/  problématique ,subjectivité individuelle. 


Tout d'abord, pour me présenter dans ma subjectivité ,voici mon poème le plus réussi qui exprime mon sens du beau :



Ange entre les anonymes

Ton chant intime à l'abandon

Il s'imagine d'une présence divine

Indifférent jamais je n'invoque son nom

Mais toi ô âme sœur , tendre prière

Tu es l'archet dont je suis le violon

De l'arbre mort dans le ciel d'hiver

Moineau inquiet qui s’élance

Fendant le froid et touchant le cœur

Je t'ai trouvé et reconnu ma chère fleur

Encore tu seras l'unique présence

Quand le ciel et les nuages du ciel

Peupleront mon dernier sommeil

Mon cœur bat au rythme de tes ailes 


et un autre en prose a propos de notre dame :


" Notre dame cette flèche qui brûle,digne et silencieuse, puis qui tombe d'un coup,c'est quasiment une femme que j'ai vu, elle est parti avec mes souvenirs, drôles de souvenirs,ceux de livres écrits il y a bien longtemps et que n'ai pourtant pas lus, d'autres enfouis, souvenirs de jeunesses, sur lesquels je comptait bien revenir un jour, d'autres enfin immémoriaux, en quelque sorte" Cosa Nostra " dont je ne saurais rien."


La beauté n'est pas un concept c'est sa beauté . Elle ne se laisse pas enfermer par le verbe . Elle est libre, mais on peut tenter d'en esquisser un portrait.La question est la beauté est elle objective ? Elle semble éminemment subjective , assurément il faut un regardeur pour qu'elle surgisse en lui. De prime abord elle est définie par la subjectivité donc il y  aurait autant de beautés que d'individus ou individus semblables qui s'imitent les uns les autres . En généralisant la subjectivité on définit la beauté par la société , par les experts autorisés de la beauté. 



Il y aurait dans le premier cas autant de beautés que d'individus ou de groupes d'individus semblables . Quant à la société immanquablement elle instrumentalise la beauté formelle pour habiller de séduction l'exercice du pouvoir qui est rarement beau par lui-même. Le pouvoir est nu dans ses intentions sans l'alliance avec l'artiste officiel  . Il lui est utile pour imprimer ses normes tant l'art est naturellement porteur de valeurs , le beau est prescripteur et inspire confiance. Il est généralement tenu pour symptôme du vrai et du bon. Il est associée au goût , autre catégorie totale comme la beauté , on connaît bien son contraire le dégout qui indique qu'il faille s'abstenir et passer son chemin.

Au fond le beau est gratuit, instrumentalisé en publicité il dégénère en esthétique , en chic  . Ce qu’on appelle aujourd’hui les codes. L’esthétique, la mode, soit "le chic", autrement dit la manière d'être officielle donc socialement admise et identifiable fait le passage entre l'art et la manipulation sociale, entre le symbolique et le politique.

La limite entre subjectivité et objectivité issue des sciences dures qui pose l'objet matériel hors de nous et objet d'étude par le sujet qui s'en sépare ,est elle opérante pour l'étude de la beauté? Telle est la question . Car c'est un phénomène intérieur et extérieur en même temps . Au regard de la beauté il nous faut tenter d'objectiver un peu le sujet ( l'observateur ). Cela  pour faire le passage du particulier de la beauté individuelle à la beauté générale, de la subjectivité individuelle à la subjectivité d'espèce.


Indéniablement chacun imprime un roman dont il est le personnage principal fait de culture, d'éducation et de talents,  d'expériences bonnes et mauvaises , de rêves.    Il est le personnage principal vivant dans son contexte  non moins déterminant que sa constitution pour son histoire personnelle  .Il en est le  personnage principal en ce qu'il subit son destin et l'auteur en ce qu'il choisit pour une part , en  poursuit donc l'écriture et s'observe.Une psychologie au fond est un roman imprimé qui fait de chacun un être unique .

Donc en l'état actuel des choses on ne peut rien dire de solide sur la beauté pourtant elle existe .Traiter de la beauté pose la question de la limite entre sujet et objet . Même si on tente de l'objectiver elle restera un phénomène humain "l'observateur est l'observé " disait krishnamurti . Tout est miroir, un tableau quel'on a choisi et avec lequel on vit et un miroir de son âme   .Il s'agit d'objectiver le sujet regardeur , qui certes doit être satisfait consciemment et inconsciemment, au regard de la question de la beauté afin de trouver un dénominateur commun .


2/ caractères de l'espèce humaine, subjectivité d'espèce ou cognitive.


Le principal trait de notre espèce est d'être non spécialisé au regard de la survie  . Il nous faut fabriquer des outils , biologiquement nous sommes des artisans . Un félin à tout en lui constitutivement tandis que la main doit être prolongée d'un outil ou d'une arme . En général on méprise la perspective de la survie pourtant la vie est un surcroît de la survie tout comme l'art est un surcroît de l'artisanat que l'on méprise également. Sachant que le cerveau est au service du corps , le concept est le pendant cérébral de la main  .Concevoir a deux sens l'un cerebral, l"autre manuel, de même pour "saisir" . Il se peut que la syntaxe soit au service de la motricité notamment celle de la main. Au fond une phrase est une séquence motrice qui fait sens . Ce n'est pas abaisser l'homme bien au contraire si la conscience, prise en tant que phénomène, est un donné au service du corps tout comme le corps elle ne peut que procéder d'une conscience plus vaste , On peut penser que la conscience est à l'homme non spécialisé ce que l'instinct est à l'animal. La nécessité et la possibilité de  l' apprentissage est certainement un corollaire de notre non spécialisation . Chacun qui a appris à conduire une voiture se souvient avoir été d'abord conscient des séquences  motrices puis elles sont devenues un quasi instinct .


Notre constitution est ontologiquement incomplète, non spécialisée, au regard de celle d’un félin, par exemple, qui a tout en lui vis-à-vis de la survie . C’est donc logique que notre cerveau produise du sens en réaction à l’environnement à chaque instant , notre perception n’est pas ou peu prédéterminée tout comme notre main est incomplète du point de vue de la survie si elle n’est pas prolongée d’un outil ou d’une arme. Biologiquement nous sommes des artisans , il nous faut nous spécialiser , tant individuellement que vis à vis du corps social . Rien n'est immédiat pour l'homme dans son environnement . Quand bien même il ait atteint  un âge où il aura accumulé une expérience et une culture adéquate pour le décrypter, il lui restera , chaque jour, à élaborer et improviser des stratégies de survie adaptée . La peur qui est au fond l’émanation de l'instinct de survie  prend donc logiquement pour nôtre espèce la forme de «  la peur de l’inconnu » . Il en  résulte cette production incessante de pensée . Le cerveau aime la cohérence et l'harmonie en lui et dans son environnement. 


Production de pensées d’autant plus frénétique qu’elles sont inefficaces en termes d’action, d’expérience acquise, et de résultat , tant sur le plan social que sur le plan intérieur de l’équilibre   . 


 Les mots  eux-mêmes sont des outils , des marqueurs de nos circuits neurologiques . Les neurosciences nous apprennent que la zone cérébrale qui régit le projet est proche de celle qui régit la motricité ou les motricités ( LURIA )   . Ainsi « sens » a trois significations , les sens , le système cognitif, puis  le sens , la rationalité et enfin la direction qui implique une notion de mouvement , d’action. Par analogie, assez proche du sens est le beau, le sens renvoie au beau pris en tant qu'harmonie cognitive et coherence , à ce qui est intelligible, harmonieux , exploitable par les sens ,  ce qui plaît aux sens , les activent utilement , le contraire du chaos cognitif.  Cela nécessairement en rapport avec le contexte si on généralise la question artistique aux affaires courantes . Le sens renvoie au beau ,puis au vrai , la pensée adéquate improvisée en réponse aux stimulis et enfin au bon ,le résultat de l’action  afférente . Les trois notions étant prises de façon indissociable. Assez proche du mot sens ,par sa polysémie , est le mot discernement , sauf en psychiatrie il fait l'objet de peu d'investigation . Il renvoie au sens visuel avec cette nécessité de distinguer un forme d'un fond chaotique de prime abord , cela avec une nuance utilitaire de survie. C'est, si on généralise, la faculté de décrypter une situation inédite pour lui donner une réponse  adéquate . le discernement est necessairement une orchestration harmonieuse entre empathie,  pensée, peur, experience et surtout acte . l'indispensable acte juste qui nécessite courage autant que adaptation rétroagit de façon totale sur l'ensemble du psychisme .  L'acte est ainsi tout autant un parametre que la finalité du discernement autre nom de l'équilibre . Clairement l'acte juste est beau , il fait régner l'ordre en soi et hors de soi , effacer la menace  ne serait ce qu'un moment parfois durablement .


Quand les idées ne sont pas vraies, les mots ne sont pas justes ; si les mots ne sont pas justes, les œuvres n’ont pas lieu ; si les œuvres n’ont pas lieu, la morale et l’art ne vont pas bien ; si la morale et l’art ne vont pas bien, la justice ne s’applique pas bien ; si la justice ne s’applique pas bien, la nation ne sait pas où elle doit poser son pied et sa main disait Confucius , il a posé le premier un rapport entre sens et motricité 


3/ caractères généraux de la beauté , le beau, la contingence et l'éthique .


 

La conclusion de tout ce préambule est que la  nature du concept est donc d'être  utilitaire . " la pensée est matière " disait krishnamurti un peu succinctement.  Justement la beauté est gratuite . nous connaissons maintenant l'intelligence émotionnelle versus l'intelligence rationnelle . l'intelligence émotionnelle comprend " l'empathie " la faculté "de se mettre à la place "et plus généralement  le ressenti qui ne juge pas sauf en termes binaires de bon ou mauvais , vrai ou faux.  Elle permet de faire le bon choix pour le futur entre deux options rationnelles proches l'une de l'autre et entre lesquelles la raison qui les a élaborées ne peut trancher . On dit si on est attentif à son ressenti " je ne le sens pas " et il vaut mieux écouter cette petite voix en général.


Au chapitre de la subjectivité individuelle pour la question de la beauté, ces deux intelligences sont parfois antinomiques mais ce n'est pas une fatalité . En effet si on tient le mental et l'instinct de possession réifiant pour images de la main dans le cerveau, pour une sorte de " main  dans la tête " ,on comprend l'importance de leur " lacher prise " pour la libération des émotions et l'élaboration des sentiments.


Si l'esprit critique est éveillé , il fera obstacle à l'élaboration et la libération du sentiment, il est donc préférable que l'artiste partage assez de références avec les regardeurs qui seront  son public, c'est normal , nécessaire et non suffisant .Le propre d'un artiste  c'est la faculté de véhiculer ses sentiments à travers une forme accomplie .Pragmatiquement pour que le jugement critique ne soit pas activé le plus simple est qu'il soit pleinement positif , que le système de valeurs du regardeur soit pleinement satisfait pour qu'il l'oublie un instant,  il doit avoir sa part, ce qu'il requiert pour se taire  .


A titre d'exemple et c'est injuste ,les vierges à   l'enfant   sont mal perçues ou de façon distraite . le sentiment antireligieux ou la conception actuelle de la féminité rend indisponible le regardeur et fait écran en tant que jugement de valeur à l'activation des neurones miroirs de l'empathie que peut susciter les oeuvres des maîtres du genre .Pourtant si on décontextualise, toute mère ne présente t'elle pas fièrement son enfant au monde comme promesse d'un futur ?

Au fond ce qu'on exige de la beauté c'est un instant de silence du jugement , un instant d'ivresse osons dire un instant d'extase . Le mental est la grandeur et la faiblesse de l'homme. On veut constamment s'en débarrasser : transes , méditation , drogues ... car il nous  relie aux contingences de l'existence et de l'espèce  . A défaut du silence intérieur des mystiques et de leur béatitude procurée par la contemplation de la vie  , on veut au moins s'oublier un instant. Sur un mode mineur  un collectionneur aguerri préconisait pour acquérir un nouvel objet d'art " il faut toujours collectionner selon son goût exclusivement et avoir un choc " .Même un collectionneur aguerri qui a manipulé des centaines d'objets, unis par la fil conducteur de son goût, veut encore être émerveillé par un choc esthétique. En outre cette notion de choc traduit le caractere immédiat de toute émotion. 


On ne nie pas  la question du relativisme de la psychologie individuelle pour tenter de cerner la beauté, mais   c'est une impasse   puisque chacun a un système de référence et un goût  unique à satisfaire ou a ne pas contrarier pour conclure à la présence du beau . Ce qui compte c'est que tout le monde a un sens du beau , le beau existe donc " en soi " dans la généralité , au dela ou en deça de la culture de chacun   ( le double sens de en soi est adéquat pour le beau ) . 

il existe des valeurs suffisamment générales pour mettre tout le monde d'accord comme  un dénominateur commun En excluant les pervers et les grands névrosés  . On pense à l'harmonie , le vrai et le bon , ce peuvent être des attributs du beau ou des paramètres , sachant que le "tout est plus grand que la somme des parties" ( Confucius ) .Cela à la condition de les prendre ensemble . Sans vérité le beau est sans profondeur il est décoration;la vérité n'est pas absolue mais associée au bon, elle est au moins relativement validée en terme de résultat . L'harmonie ou orchestration,dont on a un  idée dans l'art et qui resonne en nous , qu'elle soit des couleurs, des proportions , des mots ,des notes ou des saveurs   est l'autre nom de l'étant . Tout ce qui existe procède d'un ordre interne, d'une composition, du minéral à l'organique . Composition que l'on peut qualifier d'harmonie statique ou dynamique, le cerveau aime aussi l'harmonie pour lui même . La justice est la somme du vrai et du bon . Juste a deux sens . Si on prend ensemble ces catégories et deux par deux car elles interagissent  , harmonies de toutes sortes , bonté et vérité , une sorte de portrait général du beau apparaît .Tout le monde s'accorde sur le fait que le beau est gratuit, libre de toute contingence et déterminisme. Osons dire transcendant . On a même abusé de cette définition en perpétuant la haine de l'académisme en raison de son hégémonie d'art officiel longtemps après que la technique académique fut oubliée et alors que l'art conceptuel a pris sa place d'art officiel  .En conclusion le vrai est l'apanage de l'intelligence rationnelle .Le bon, distinct du bien dont la connotation morale ressort du vrai, est celui de l'intelligence émotionnelle . L'harmonie  satisfait les sens et l'ensemble de l'âme en tant qu'elle est cohérence , quand tout est satisfait de façon bien orchestrée alors surgit la beauté qui est un phénomène total et une célébration de la vie en soi. La beauté n'est pas un concept, elle est un fait de nature en nous et hors de nous , elle est la manifestation de la vie et l'affinité de la vie pour elle-même .